Maître d’équipage du Vautrait de Ragy

Rencontre avec un passionné en pleine préparation pour la Fête de la Vénerie, du Cheval et de la Chasse qui aura lieu samedi 2 et dimanche 3 août dans le parc du Château de Bresse sur Grosne.

Qui est Pierre Ackermann ?

Pierre exploite en association avec son beau fils Mathieu un domaine agricole situé à Ragy sur la commune de Marigny, exploitation d’élevage de bovins pour la viande. Agé de 45 ans, cet homme marié à Paulette (Maire de Marigny) est tombé tout petit dans la passion de la chasse et en particulier des chiens courants, de leur dressage, de leur travail. Il explique que son père l’emmenait à la chasse alors qu’il était très jeune, son père chassait avec des chiens d’arrêt mais, avec son 1er permis de chasse, il l’a emmené à une chasse avec des chiens courants, et c’est là qu’a eu lieu la révélation, il était très jeune mais a su à ce moment là que c’était cette chasse là qui serait la sienne.
Et puis, à l’âge de 6 ou 7 ans, avec son père encore, il aperçut un magnifique sanglier qui trébucha dans une plaine inondée, c’était la 1ère fois qu’il voyait cet animal, il en fut fasciné et cette image reste encore gravée dans sa mémoire.
Pour bien comprendre la chasse à laquelle se livre Pierre et les adeptes de cette activité, il est utile d’abord de connaître quelques définitions :

– Le Vautrait est un équipage de chasse pour le sanglier (Maître d’équipage, chasseurs, chevaux, chiens…)
– Le vautre est un chien qui chasse le sanglier et qui fait partie du vautrait. Dans les chasses à courre dites plus nobles (chevreuil, etc…), des chiens de race sont utilisés et, afin d’éviter que ces chiens ne se blessent entre eux ou même s’entretuent, pour la chasse au sanglier, on utilise des chiens plutôt bâtards dits les « vautres ».
– Vautrer signifie chasser le sanglier avec les vautres.

Si Pierre est aussi associé à son beau-fils Mathieu dans la passion du Vautrait, il se repose aussi sur lui quant à l’exploitation de la ferme pour assouvir sa raison de vivre, l’élevage, le dressage, la mise en forme de son équipage (à laquelle participe aussi Mathieu).
Le Vautrait de Ragy est un tout jeune équipage qui n’a obtenu son attestation de meute provisoire et son certificat de vènerie pour courir le sanglier qu’en octobre 2012, lesquels ont été renouvelés pour 5 ans en 2013.
La meute comprend aujourd’hui une cinquantaine de chiens adultes et Pierre élève 15 à 20 chiots par an. Ce sont des chiens d’origine diverses, principalement des «grands Anglo – Français ». Les 3 chevaux de Pierre sont des trotteurs, quelques uns de l’équipage sont des « arabes » importés. La meute est composée de 23 membres répartis en Boutons, Gilets et Epingles (les boutons sont les membres les plus expérimentés de l’équipage, qui ont le droit de porter la tenue et les boutons à emblème. Les membres récents sont appelés « épingles » (de cravate), les bons cavaliers « gilets ». La tenue de vénerie est très codifée en France et suit le Code de vénerie).

Pour seconder et soutenir le vautrait, a été créée une association, chargée des organisations extérieures et dénommée « Les Amis du Vautrait de Ragy », actuellement présidée par Jean Louis Croccel. Cette association rassemble les amateurs de vènerie et d’équipage.
Il faut savoir qu’un équipage doit être constitué d’au moins 2 chevaux et de 30 chiens pour chasser à courre.
Il y a aussi la « fanfare », dont le son des cors de chasse sert de moyen de communication.
En période d’ouverture de la chasse à courre (du 15/09 au 31/03), l’équipage chasse tous les lundis en forêt du Grand Bragny et sur invitation :
– Dans le Jura,
– A Cheverny dans le Loir et Cher,
– En Haute Saône,
– En Savoie,
– Dans quelques parcs de chasse, pour l’entraînement, dans l’Allier en particulier.

Si cela ne fait que 2 ou 3 ans que le vautrait de Ragy existe, cela fait plus de 30 ans que Pierre chasse avec des chiens courants. Sa philosophie découle tout naturellement du fait qu’il connaisse par cœur le sanglier, ses mœurs, ses habitudes, son comportement. L’animal n’a pour lui pratiquement aucun secret. Pierre est capable de rester des heures en observation et dit que « son cœur tressaille » lorsqu’apparait un sanglier. Et de plus, il fait une confiance aveugle à ses chiens. Il dit : « notre devise « confiance aux chiens » a été adoptée parce qu’en matière de vènerie sanglier, elle s’impose naturellement. En effet, un même animal vu par des veneurs simultanément sera décrit par ces derniers de manière différente, le chien, lui, il sait… »
Au début, avec ses chiens courants, il chassait à tir, mais préférait faire travailler ses chiens « au bout » et utilisait très peu son fusil, il a dû franchir le pas et passer à la vènerie. Comme il était déjà bon cavalier depuis son enfance, cela s’est fait naturellement.
Les équipages de vautraits ne sont pas armés puisque ce sont les chiens qui fatiguent à l’extrême le sanglier qui est ensuite achevé (servi) au couteau.

Pour cette chasse, il est évident que les chevaux d’une part et les chiens d’autre part doivent être particulièrement bien dressés et en parfaite osmose avec le Maître d’équipage.
« il y a énormément de complicité avec les chiens, ils sont notre fusil, ils doivent être bien entretenus et bichonnés ».
Nous avons vérifié ce dernier point lors d’une séance d’entraînement à laquelle nous a permis d’assister Pierre dans les prairies jouxtant sa ferme. A cette séance participait sa fille Claire. Savez vous qu’il reconnait chacun des 50 chiens de la meute ? qu’il les appelle tou(te)s par leur nom ? Savez vous que chacun d’entre eux lui obéit à la voix sans jamais un geste de maltraitance ? Si vous aviez pu voir l’admiration pour leur Maître qui peut se lire dans leurs yeux ! Et puis quelle complicité, quel respect entre les chiens et les chevaux ! C’est tout bonnement extraordinaire !

Un grand moment aussi, c’est le repas quotidien de la meute (un seul repas par jour), les quartiers de poulet sont ingurgités en quelques minutes, toujours sous les ordres de Pierre et de Mathieu et ce sans bagarre… ou presque !
Pierre aime beaucoup la mixité sociale qui caractérise la vènerie et qui rassemble des gens d’horizons différents partageant des valeurs communes de respect, d’humilité et de courtoisie.
Il aime à dire que le Vautrait de Ragy se caractérise par son côté familial et populaire. Il veille à le rendre accessible à tous à condition de maintenir les traditions de la vènerie dans leur ensemble.
Franchement, il règne au Vaudrait de Ragy une ambiance naturelle qui semble surnaturelle tellement l’osmose du geste et de la voix entre l’homme et l’animal, aussi réelle qu’elle soit, semble pourtant venue d’ailleurs !
Afin de vérifier ces écrits, nous ne pouvons que vous conseiller de vous rendre :

Samedi 2 et dimanche 3 août 2014

A la fête de la vènerie, du cheval et de la chasse

Dans le parc du château de Bresse sur Grosne

Retrouvez tout le programme en bas de l’article

Jean Michel Lendel