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mardi 12 novembre 2013 à 19:27

Rythmes scolaires

La position de la CGT



 » La semaine de 4 jours n’était pas forcément bonne pour un enseignement de qualité. Mais en imposant dans la précipitation un retour aux 4 jours et demi, la réforme Peillon ne va pas améliorer la situation, et pire remet gravement en cause des fondamentaux.

Cette réforme crée une rupture de l’égalité des chances, et remet en cause les lois de Jules Ferry qui rendait l’enseignement primaire public, laïc et gratuit, pour tous les enfants sur tout le territoire national.

Cette loi fait met en péril l’école de la République car elle crée bien une école des territoires contre l’école de la République, « Une et indivisible ».

C’est une remise en cause de la loi de 1905 de séparation des églises et de l’Etat. La porte d’entrée étant les activités péri scolaires ouvertes à tous types d’associations et sans contrôle.

Cette réforme s’inscrit dans la même politique de décentralisation, de désengagement de l’Etat qui transfère des missions de l’Etat aux collectivités territoriales, sans crédits supplémentaires.

Les maires l’ont bien compris : l’application de la réforme des rythmes scolaires n’est pas une compétence communale et ils savent qu’ils auront du mal à recruter du personnel encadrant qualifié. Qu’ils auront du mal à financer l’achat de matériel, les travaux d’aménagement, etc… Le coût de la réforme met en péril le budget communal. Et ils redoutent de devoir augmenter les impôts locaux !

Autre inquiétude pour les maires : en cas d’accident au cours des activités à la charge des communes, ne vont-ils pas se retrouver pénalement responsables devant les tribunaux ?

Enfin, l’article 66 de la loi Peillon parle d’un projet éducatif territorial, associant aux services et établissements relevant du ministère de l’Education Nationale, d’autres administrations, des collectivités territoriales et des associations.
Quelles associations ? Quelles garanties que ces associations respectent les principes élémentaires de laïcité ? Quel contrôle ? N’y a-t-il pas un risque évident d’ingérence de groupes de pression, notamment religieux ?
Et comme l’écrit la Fédération de l’Enseignement de la Recherche et de la Culture CGT dans un communiqué du 18 septembre : N’est-ce pas ouvrir l’école de la République à tous les affairistes ?
Par exemple, Total a déjà signé en juin un accord cadre et s’engage à financer des projets d’écoliers !!!
Et que dire de certaines associations humanitaires à caractère religieux profitant de cette opportunité pour s’inviter à l’école laïque !

Pour tous ces faits, la CGT exige la suspension immédiate de la réforme des rythmes scolaires, comme la commune de Boves dans la Somme vient de la décider.
Elle exige l’abrogation de la loi Peillon et son décret, loi anti-laïque qui vise à faire éclater l’école de la République.
La CGT toute entière soutient l’appel à la grève nationale de nombreuses instances syndicales de l’Education et des Services Publiques territoriales appellent les enseignants et agents municipaux à être en grève le jeudi 14 novembre 2013.

Dans ce dossier, la priorité est bien les intérêts des enfants !
Mais les solutions à trouver doivent être recherchées, avec les nombreux autres acteurs nécessaires pour que les enfants de la république aient une éducation de qualité.

Une réforme des rythmes scolaires n’est pas à exclure, mais elle demande une réflexion globale et doit être lancée seulement après avoir défini les modifications à apporter, prévu les moyens humains et matériels nécessaires, et surtout pérennisé le financement d’une telle réforme.

Cette réflexion doit se faire avec l’ensemble des acteurs concernés pour tenir compte des réalités, et anticiper les évolutions à mettre en œuvre, que ce soit au niveau de :

– L’enseignement : en tenant compte de programmes éducatifs de l’Education Nationale avec des personnels formés, qualifiés et avec un statut.

– Le rythme scolaire construit selon les capacités des enfants à apprendre. Passer à 4 jours et demi par semaine peut aussi se faire en remettant l’école le samedi matin. Le rythme chrono biologique de l’enfant tient aussi compte de la vie privée, qui peut être choisie par les parents, mais aussi très souvent imposée par la vie professionnelle des parents. L’école seule ne peut pas tout résoudre.

– Les activités périscolaires. Les activités doivent toutes être gratuites pour ne pas créer d’inégalités d’accès, mais qui va les financer ? Doivent-elles être obligatoires ? Si elles ne le sont pas, l’égalité de prise en charge des enfants n’est pas garantie et certains d’entre eux risqueraient de passer des heures en garderie ou en étude… Toutes les activités périscolaires devront impérativement rester laïques.

– Les locaux et le matériel pour les activités périscolaires : Les classes sont trop petites pour être partagées, faut-il créer de nouveaux locaux pour les activités périscolaires ? Qui ne seraient utilisées qu’une demi-journée par jour ? Idem pour les gymnases… Qui va financer le matériel et où sera-t-il stocké ?

– Les personnels pour les activités périscolaires doivent avoir un statut et des compétences bien définis. On ne peut pas fonctionner avec des salariés qui auraient des statuts différents et du personnel associatif, bénévole… Les responsabilités pour encadrer les enfants sont lourdes !

– Les parents ont aussi des impératifs : Exemple les horaires de travail fixes ou modulables, les possibilités de garde des enfants, les transports en commun, etc… Ce qui implique une uniformité des horaires pour tous les élèves.

– Le lieu d’habitation est aussi à prendre en compte : Suivant si on est à la ville ou la campagne, les temps de trajets sont différents, les transports collectifs existent ou non, ce qui est valable aussi bien pour les parents, que pour les enfants…

En creusant la question, on s’aperçoit vite que derrière les rythmes scolaires, on touche à d’autres enjeux de société, comme les horaires de travail, l’emploi, les salaires… et bien sûr le financement !

Il est urgent de revenir à un financement de l’Etat le plus simple possible, à partir du seul impôt juste, celui qui est basé sur la proportionnalité des revenus. Plus on gagne d’argent… plus on paie d’impôts !

C’est pour cela que la CGT porte un nouveau projet de société où l’humain est au centre !

Il faut cesser la course aux profits maximum et revenir à une juste rémunération du travail, pour permettre aux salariés de faire vivre leur famille. De travailler uniquement les jours de semaine, avec des horaires normaux, des horaires « journée » afin de ne pas avoir besoin de lever les enfants au milieu de la nuit pour les faire garder, ou de les récupérer tard le soir.

– Ce qui signifie donc de ne pas travailler du dimanche, ni les nuits, sauf pour les seuls métiers où c’est indispensable !

– Ce qui signifie sortir de cette politique d’austérité. L’austérité apporte la récession, qui apporte une baisse du niveau de vie pour les citoyens.

Quelques réalités doivent être rappelées :

Il y aura toujours dans le monde des salariés qui travailleront pour « moins cher », on ne peut pas lutter contre cela. Pourtant, les entreprises, même françaises sont très compétitives

– les salariés de notre pays sont dans les plus productifs au monde

– les dividendes reversés aux actionnaires n’ont jamais été aussi élevé

C’est donc bien le coût du capital qui est trop élevé, et le travail, lui, est donc bien créateur de richesses !

Il est urgent de répartir autrement les richesses entre ceux qui les font, c’est-à-dire les salariés.

Il est urgent de construire un nouveau modèle de société, de réformer ce qui existe en profondeur et dans sa globalité pour que les richesses créées par le travail servent à l’investissement productif au service de la satisfaction des besoins humains.

Arrêtons de faire des réformes dans l’urgence ! De faire des réformes une par une, sans tenir compte des impacts sur ce qui est autour, et qui du coup impactent négativement toute la société, qui impactent négativement les conditions de vie des salariés et de leurs familles.
Ensemble & unis, imposons d’autres choix de société !

Le Creusot, le 12 novembre 2013

Les organisations syndicales des Services Publics Territoriaux & de l’Education Nationale, dans l’unité (CGT – FO – Solidaires) organisent un rassemblement pour permettre à tous les salariés et les parents concernés, de se retrouver côte à côte pour exiger d’autres choix.
Des préavis de grève ont été déposés par les Fédérations de l’Enseignement & des Services « 

 

 

 

 

 



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