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jeudi 21 juin 2012 à 23:31

Conseil général

Arnaud Montebourg passe la main et retrace ses années à la présidence



 

« Grand et bon vent à mon successeur… »

 

 

L’assemblée départementale de ce jeudi matin était un peu particulière avec le départ de son président, Arnaud Montebourg. Le ministre du Redressement productif a démissionné de ses fonctions respectant ainsi la règle du non-cumul des mandats.

À l’heure des au revoir, il n’a pas oublié le chemin parcouru ces quatre dernières années, les périodes difficiles traversées, le travail réalisé par les élus – tous les élus – pour reprendre en main le destin de Département.

La majorité, elle, n’a pas non plus oublié l’engagement de son ex-président, lui réservant une standing ovation… Du jamais vu dans l’hémicycle.

 

 

 

 

 

 

 

Arnaud Montebourg était très attendu dans l’hémicycle. Plus que d’habitude encore. Ce n’est pas tous les jours qu’un ministre siège à l’Hôtel du Département. L’élu, lui, n’a pas changé ses habitudes. Il a pris le temps de saluer tous les conseillers généraux, le personnel du conseil général aussi…, comme à chacune des sessions. Mais cette fois, ces retrouvailles avaient un parfum particulier.
Celui de la victoire comme en atteste cette franche accolade dans les bras de Thomas Thévenoud, nouveau député de la première circonscription.
Celui d’une dernière sortie aussi… d’un président bien sûr, pas d’un conseiller. Parce qu’Arnaud Montebourg a déjà prévenu : ce n’est qu’un au revoir, pas un adieu : « Je resterai un membre engagé de la majorité jusqu’au bout pour que les grands projets, que nous avons préparé, qui sont dans mon cœur et que j’aurais voulu accomplir jusqu’au bout, se réalisent. »

 

 

 

« Le département a changé sur le plan démocratique et financier »

 

 

 

Ces projets, et les outils surtout qui ont permis au Département de prendre son destin en main, il les a énumérés un a un au moment de revivre ces quatre années et demi au poste de président : l’ADT (Agence de développement touristique), la société publique de transport, la SEMPAT – « mon successeur aura soin  de porter cet outil le plus loin possible sans jamais le fragiliser ».

Il n’a pas non plus oublié les « projets concrétisés malgré la controverse, comme pour le Francos, ce festival qui a fait rayonner tout le territoire ». À tel point que le ministre a annonce que l’initiative serait reprise tous les ans.

 

À l’heure du bilan, Arnaud Montebourg s’est aussi souvenu des heures difficiles (la quasi-faillite du Conseil général, la réduction drastique des dépenses, l’augmentation des impôts pour financer la dépendance), des combats gagnés (la condamnation de l’État et du Premier ministre, la diminution de la dette de 20 millions d’euros…), des efforts de chacun pour surmonter la crise.

« Le département a changé sur le plan démocratique – nous avons joué la transparence dans nos relations entre élus, mais aussi avec la population – et financier. Tout le monde a réappris à se servir de l’argent public autrement. Notre capacité de désendettement est ainsi passée de 12 à 5 ans en deux ans et ce alors même que nous poursuivions nos investissements. Pourquoi ? Parce que nous avons su maîtriser nos dépenses. »

 

L’occasion de remercier les élus, quelles que soient leurs sensibilités politiques, pour la sincérité de leur engagement – « ils ont parfois craqué, mais ils ont été à la hauteur de la crise » –  les 2 200 agents du Conseil général qui « ont beaucoup aidé par leurs compétences, ils ont été à l’avant garde des choix que nous avons faits » – , Boris Vallaud également « sans qui nous n’aurions jamais pu réussir le redressement. Il me rejoint au ministère et nous allons mettre en œuvre ce que nous avons fait ici, au service de la France. »

 

 

 

« Nous avons besoin de nous donner la main »

 

 

 

Le ministre sait qu’avec l’ensemble du gouvernement, de grands chantiers l’attendent comme celui de la dépendance, qui sera une des priorités, le redressement de la situation économique, ou le troisième acte de la décentralisation qui « ne peut être réussi que si les collectivités locales apportent leurs idées et leur concours. Nous ne redresserons pas ce pays sans la mobilisation de la société, de ses élus, de ses citoyens… Nous avons besoin de nous donner la main, de nous entraider, que tous les territoires retrouvent le chemin de la croissance. Tous ces territoires seront associés à notre politique. »

 

À son successeur Rémi Chaintron, désigné par le groupe de la majorité fin mai, Arnaud Montebourg a souhaité un « grand et bon vent » lui renouvelant « sa confiance pour poursuivre sa politique d’écoute de la société et des gens, de respect de élus quel que soit le poids de leurs responsabilités, maires d’une petite commune ou présidents d’agglomération. Ce qui compte c’est l’amour du territoire qui nous unit. »
En lui conseillant de « toujours préférer l’audace au repli et de faire partager les risques audacieux avec la population », Arnaud Montebourg venait en quelque sorte de dresser la feuille de route du futur président. Une ligne qui ne changera guère de ce qui a été fait jusque maintenant.

 

C’est sous les applaudissements des élus de la majorité, une standing-ovation même, un moment rare dans l’hémicycle, que le président a quitté son siège pour aller s’asseoir à côté des autres conseillers généraux. Après avoir participé au vote de son successeur (élu par  38 voix sur 57, 18 bulletins blancs et 1 voix pour lui-même), le conseiller général du canton de Montret est reparti en début d’après-midi vers ses nouvelles fonctions avec un pincement au cœur. L’ouverture d’une parenthèse, pas un adieu…

 

 

Delphine CRESSON

 

 

 

 

Ils ont dit…

 

 

Rémi Chaintron, successeur d’Arnaud Montebourg à la présidence du Conseil général : « Nous sommes aujourd’hui très fiers d’avoir dans l’hémicycle un ministre et deux députés. Monsieur le ministre, de votre action, nous retenons le sens du combat aux côtés de tous ceux et celles qui n’ont jamais la parole.

Sous votre conduite, nous sommes allés au bout de nos responsabilités. Merci d’avoir été un ambassadeur de la Saône-et-Loire. D’avoir porté le département et de continuer à le faire. ce discours n’est pas un adieu, on ouvre juste une parenthèse. C’est le commencement d’autre chose puisque vous continuerez à servir le territoire. »

 

 

 

 

 

André Accary, président du groupe d’opposition : « La présidence qui s’achève a été marquée par un vrai respect de l’opposition, mais nous ne doutons pas qu’il en soit autrement maintenant.
Malgré de nombreuses incompréhensions sur notre participation au jury citoyen ou sur l’expérience avortée de la présidence de la commission des finances par un élu de l’opposition, il faut reconnaître certaines avancées. La mise en place d’une conférence des présidents associant tous les groupes politiques va, par exemple, clairement dans le sens d’une meilleure gouvernance de notre institution départementale.
Cependant, monsieur le ministre, vos quatre années de présidence du Conseil général ont également été marquées par des décisions au goût amer :
En premier lieu, le grand plan de rigueur voté en février 2010. (…) Vous avez pris 82 mesures de sauvetage inéquitables, injustes et précipitées, mais malheureusement nécessaires pour éviter la mise sous tutelle du Conseil général. Les petites communes payent encore un lourd tribut à ce plan de rigueur même si le Département a retrouvé certaines marges de manœuvre.
Autre point difficilement acceptable pour l’opposition, votre recherche du coup médiatique permanent. (…) Le Conseil général va maintenant retrouver la sérénité qui incombe à l’exercice de ses compétences.
Permettez moi aujourd’hui de formuler deux souhaits : n’oubliez pas la Saône-et-Loire. Je vous invite d’ores et déjà dans le Charolais-Brionnais où de nombreuses entreprises sont inquiètes.
Mon deuxième souhait concerne la réforme la réforme des collectivités locales. De nombreux chantiers ont été engagés par Nicolas Sarkozy. François Hollande a annoncé un acte III de la décentralisation pour l’automne. Je suis sure que vous saurez peser de tout votre poids sur cette réforme.
Il est loin le temps où – comme vous le rappelait Paul Perrault lors de votre première élection à la tête du Conseil général, vous décriviez le département comme une structure devenue inutile, archaïque, coûteuse, souvent anti démocratique et évoluant hors contrôle de la population. Les conseillers généraux étaient des collectivités « opaques et incontrôlables » qui devraient être supprimés.
Vous êtes maintenant un ancien président de Conseil général. J’espère que vous vous souviendrez de cette expérience et saurez reconnaître les compétences de ces belles institutions que sont les départements depuis 1790. »

 

 

 

 

 

 

 

La dernière image de la présidence d'Arnaud Montebourg

 

 

Il quitte son siège de président pour rejoindre sa place dans l'hémicycle, celle du conseiller général du canton de Montret

 

 

 

 

 

 

Rémi Chaintron a été élu par 38 voix sur 57, 18 bulletins blancs et 1 voix pour… Arnaud Montebourg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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