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mercredi 20 juin 2012 à 21:05

Exercice de sécurité civile à Chagny

Les explications de Jean-Yves Ledemé, chef du service interministériel de défense et de protection civile



 

Un accident de train fictif

pour tester la coordination des secours

 

 

 

Ce mercredi soir, vers 20 h 30, un transport express régional (TER) a heurté un véhicule lors de son entrée en gare à Chagny… Le TER transportait une quarantaine de personnes. De nombreuses victimes ont été évacuées vers les centres hospitaliers.

Le centre opérationnel départemental (COD) a également été activé à la préfecture.

 Sur le lieu de l’accident, un poste de commandement opérationnel (PCO), un poste médical avancé (PMA) et une chaîne médicale de secours ont été en place…
Rassurez vous, il ne s’agit que d’un exercice de sécurité civile !

 

 

 

 

 

 

Avant de retrouver, plus tard dans la soirée, les photos de cet accident fictif visant à tester la coordination et la réactivité des différents services et la mise en œuvre du dispositif ORSEC (organisation de la réponse de sécurité civile) « nombreuses victimes », Jean-Yves Ledemé, chef du service interministériel de défense et de protection civile, nous en dit plus sur cet exercice.

 

 

 

 

 

 

Charolais News : Pourquoi organisez-vous ce genre d’exercice ?

 

Jean-Yves Ledemé : Cela fait partie de notre obligation de réaliser un certain nombre d’exercices dans l’année. On a quelques figures obligatoires comme les exercices portant sur les sites SEVESO, les entreprises à haut risque. Nous devons faire un exercice dans chaque établissement tous les trois ans. Et puis à côté de cela, il y a des exercices qui doivent porter sur les risques les plus flagrants dans notre département, c’est-à-dire les inondations, les accidents de chemin de fer ou sur autoroute.
C’est pour cette raison que nous avons organisé cet exercice sur un chemin de fer qui sera accompagné d’un exercice « nombreuses victimes » car malheureusement, dans de telles circonstances, il faut que nous soyons prêts à travailler et à réagir ensemble avec tous les services de secours.

 

 

 

C. N. : C’est le principal objectif de cette manœuvre ?

 

J.-Y. L. : L’objectif n’est pas de vérifier la réactivité des services, on commence à la connaître tout comme leur efficacité qui est majeure. Notre priorité est que chacun connaisse la manière de travailler des autres partenaires. On regarde donc la coordination des équipes, on voit comment elles travaillent ensemble.

Chacun connaît son métier, mais parfois on a besoin de mieux connaitre son partenaire, ses réactions sur le terrain, sa façon de s’organiser pour être efficace. C’est ce genre d’exercice qui permet d’apprendre de l’autre. Ensuite,  quand on doit intervenir comme cela a été le cas sur l’accident de bus transportant des enfants sur l’autoroute, cela nous sert : on se connaît les uns les autres et on se fait confiance.

 

 

 

C. N. : Par rapport aux expériences précédentes réalisées l’an dernier par exemple (inondation, colis piégé à la gare de Mâcon…), tout se passe-t-il comme prévu à chaque fois  ?

 

J.-Y. L. : L’objectif est presque, je dirai, de constater que cela se passe mal et de vérifier que ce qui se passe mal ait bien été repéré pour le corriger ensuite. À l’issue de ces exercices, il y a un retour d’expérience au travers duquel nous analysons les choses : non pas pour se donner des satisfecit, bien au contraire, mais pour constater les lenteurs ou les mésententes sur la mise en place de matériel. Tous les points négatifs nous intéressent.

S’il n’y en a pas, on ne va pas les inventer, mais quand ils existent on les repére, on les note et on essaie d’améliorer les choses  dans le mode de fonctionnement des différents services.
Il vaut donc mieux qu’il y ait des points négatifs ce jour-là pour pouvoir les corriger avant un accident réel !

 

 

 

C. N. : Quel est le scénario de l’exercice de ce soir ?

 

J.-Y. L. : C’est un train avec quelques dizaines de voyageurs qui percute un véhicule en gare de Chagny. C’est pas cas le plus courant, mais un véhicule qui traverse les voies ou tombe d’un pont, cela peut se produire. Alors à nous d’ être prêts à gérer ce genre de dégâts. C’est le scénario le plus dur que nous pouvons à ce stade imaginer, même si la réalité peut l’emporter sur notre imagination et qu’on peut se retrouver avec des catastrophes plus difficiles encore.

 

 

C. N. : Quels sont les partenaires et les équipes mobilisés ?

 

J.-Y. L. : Nous avons les sapeurs-pompiers, le SAMU, la gendarmerie, la SNCF puisqu’on est sur leur territoire. Pour eux, c’est aussi un exercice intéressant dans la mesure où ils peuvent mesurer la réactivité de leur troupe.

Il y a aussi des associations de protection civile que nous allons faire travailler en partenariat avec les secours : la Croix rouge, la protection civile… Avec une autre association dont le rôle est de faire de la transmission radio et d’images aussi. Nous allons donc essayer d’envoyer des images de l’accident à la préfecture, dans notre cellule de crise. Ce sera une première.
Cet exercice va également permettre à l’ARS de réfléchir sur des questions d’hospitalisation quand arrive une masse de victimes. On va travailler sur leur orientation et pourquoi pas sur la mise en place d’un plan blanc sur un hôpital. Mais attention, nous nous arrêtons aux portes de l’hôpital.
La Direction départementale des territoires nous a aidé à la mise à disposition de moyens supplémentaires, de levage, de transports complémentaires de voyageurs… Le procureur de la République est également présent.
Soit entre 150 et 200 personnes.

 

 

 

C. N. : Les pompiers ont-ils été avertis en amont de cet exercice ou ont-ils été alertés en temps réel ?

 

J.-Y. L. : Oui, on les a averti, on leur a donné la date et l’heure pour préserver des forces vives en cas d’accident réel ce soir. On privilégie quand même le traitement courant des accidents de la vie. On a toutefois joué l’alerte pour mesurer le temps de déplacement. Tous ces facteurs importants sont à vérifier et à mesurer.
Le centre de secours de Chagny sera le premier intervenant. Ensuite, le CODIS répartira les moyens en fonction des besoins, mais aussi pour ne pas déshabiller un centre par rapport à un autre.

 

 

C. N. : On a aussi les élèves de l’IFSI de Chalon qui participent…

 

J.-Y. L. : L’Institut de formation en soins infirmiers en effet nous fournit quelques uns de ses élèves qui jouent le rôle des victimes. Une trentaine de jeunes et de moins jeunes participent à ce test. Le rôle de chacun leur a été expliqué hier après-midi. Dans leurs futurs métiers de soignants, c’est important de participer à cet exercice parce qu’ils seront peut-être amenés à intervenir plus tard sur ce genre d’accidents.

À Mâcon, avec l’IFSI, on avait fait la même chose. Tout le monde avait été formidable et s’était prêté au jeu. C’était d’un réalisme outrancier.  

 

 

 

Propos recueillis par Delphine CRESSON

 

 

 

 

 

 

 



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