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vendredi 28 septembre 2012 à 21:41

Conseil général de Saône-et-Loire

Stratégie de marque, Center Parcs, Unowhy…



 

Le Département sur le front de l’attractivité

 

C’était ce matin l’heure de la rentrée au Conseil général. Et depuis sa prise de fonction, en juin dernier, c’était aussi une première pour Rémi Chaintron, le nouveau président du Conseil général. Le discours du successeur d’Arnaud Montebourg était très attendu. Et il l’a placé sous le signe de l’attractivité en posant le Département en chef de file de l’aménagement du territoire.

 

 

 

 

Après le mandat du sauvetage, le mandat de la transformation et de l’attractivité du territoire. C’est en tous cas sous ce signe que Rémi Chaintron entend placer les prochains mois et les prochaines années, autant que faire se peut. Et pour réussir, c’est-à-dire accueillir des nouveaux habitants, des entreprises et des investisseurs en Saône-et-Loire, il a demandé à chacun d’abandonner la morosité : « Arrêtons d’être défaitiste et mettons plutôt en avant nos atouts. Nous avons entre nos mains l’attractivité de notre territoire, à construire ou à renforcer. Sur le front de l’attractivité, notre département se forge en tous cas les armes nécessaires. »

 

Et ces armes, ce sont la stratégie de marque, destinée à rendre la Saône-et-Loire plus visible, qui entre dans une nouvelle phase, « un comité de marques va bientôt se réunir ». Le tourisme aussi avec le projet Center Parcs. « Soixante-dix sites ont été étudiés, plus d’une douzaine visités par Pierre & Vacances. Un site se dégage désormais (celui du Rousset) et a été validé par le groupe ».

 

 

Center Parcs : prudent, mais optimiste

 

 

Rémi Chaintron confirme ainsi l’information confiée il y a une dizaine de jours par des élus proches du dossier et dévoilée cette semaine. Mais s’il sait qu’avec le choix du terrain, une phase décisive a été franchie avec succès, le président du Conseil général se veut prudent : « Beaucoup de questions restent encore à étudier : les sols, le réseau, la faisabilité… Il faut de la persévérance pour réussir et rester mobilisés pour conduire à terme ce projet qui permettra de placer la Saône-et-Loire en tant que destination touristique majeure. Mais je suis optimiste ! »

Rappelons que si toutes les conditions de faisabilité sont réunies, ce sont 300 emplois non délocalisables de créés et un chantier de 150 millions d’euros  d’une durée de deux ans.

 

L’attractivité, c’est également la qualité de vie. Le Conseil général va continuer à accompagner les familles : en investissant dans les collèges, en continuant la gratuité des transports scolaires, en créant 36 places supplémentaires en Institut Médico Educatif, en aidant à l’insertion via la préparation au concours d’adjoint administratif « pour les jeunes diplômés que la vie n’a pas doté de réseaux », en apportant 300 000 euros pour la modernisation de la Maison départementale des personnes handicapées qui a connu une hausse de ses activités (+ 56 % de demandes entre 2006 et 2011), en accompagnant les personnes âgées qui ont choisi de continuer à vivre à domicile, en signant 300 Contrats uniques d’insertion (CUI) supplémentaires…

 

 

150 000 euros pour Unowhy à Montceau

 

 

Mais le dossier le plus emblématique de cette assemblée départementale et de cette volonté de rendre encore plus attractif économiquement le territoire est sans doute cette aide accordée à la société Unowhy, qui a fait le choix de relocaliser en France, et à Montceau-les-Mines, sa production de tablette QOOQ. C’est en tous cas le plus emblématique pour Rémi Chaintron.

L’entreprise, qui poursuit ses projets dans le département et continue de développer ses applications, devrait bientôt se positionner sur un projet éducatif pour les collégiens. « En apportant 150 000 euros, comme va le faire également la Région, on finance la matière grise, on fait en sorte de la garder ici et on aide cette entreprise à avancer sur ses projets. Il y a une carte à jouer pour la haute technologie en France et en Europe, on ne peut donc que se féliciter d’avoir Unowhy dans notre département, souligne Rémi Chaintron. Quand une entreprise à la confiance des collectivités, il y a un effet levier non négligeable ! La Saône-et-Loire se développe économiquement. L’implantation d’Amazon montre que la Saône-et-Loire a tous les atouts pour séduire les entreprises qui veulent être compétitives. »

 

Et de terminer ses propos en répondant à André Accary et à l’opposition qui s’étaient, il y a quelques jours, étonnés de voir le Département ronronner : « Il rugit au contraire de projets et d’actions. Il anticipe la suite comme il a anticipé la crise en agissant sur ses finances avant qu’il ne soit trop tard. Si nous pouvons maintenant faire des projets, et entrevoir l’avenir, c’est aussi grâce à ce travail de refonte de nos interventions, qui nous a préservé notre liberté d’action. Mais désormais, il ne s’agit plus de prévoir l’avenir, il faut le permettre. »

 

 

Delphine CRESSON

 

 

 

 

 

 

Ils ont dit…

 

 

 

André Accary, conseiller général de Paray et président du groupe d’opposition UASL (Union pour l’avenir de la Saône-et-Loire) : Il y a une semaine, le chef de fil de l’opposition départementale, s’interrogeait devant la presse sur le statu quo d’un certain nombre de dossiers départementaux. S’il a eu quelques réponses depuis sur le dossier Center parcs (lire par ailleurs), le conseiller général n’en reste pas moins inquiet sur la marge de manœuvre laissée aux départements, la suspension de la concession pour la RCEA ou plus généralement sur « la politique de détricotage » menée par l’État sur de nombreux points. Extrait de son intervention.    
« L’été a été le temps des désillusions. Le changement, ça ne sera pas pour tout de suite ! Il faudra attendre, cinq ans peut être ! Mais en attendant, ce sont les ménages français qui vont devoir faire un effort avec une hausse des cotisation sociales, la double augmentation du prix du gaz, les 20 milliards d’impôts nouveaux déjà lancés…
On se demande où est le temps du bras de fer, le temps où ce Conseil général attaquait sans cesse le gouvernement… Il est bien plus complaisant aujourd’hui !
Sur l’acte 3 de la décentralisation, le premier ministre a déjà annoncé un gel de dotations pour les départements, ce qui signifie  quelque part une baisse puisque l’inflation n’est pas couverte. Depuis le printemps, on détricote de part et d’autres, mais une seule chose est sûre, les conseillers territoriaux ont disparu. Nous n’avons plus aucune garantie pour les départements. On ne sait pas qui va s’occuper de l’aménagement du territoire.
À côté de cela, le Conseil général ronronne ! »
Sur le projet Center Parcs, pour lequel, rappelons la forêt du Rousset serait retenue, André Accary ne cache pas que tout le monde se satisfait et est heureux pour le Charolais-Brionnais qu’une entreprise privée choisisse la Saône-et-Loire pour implanter un tel projet. Néanmoins, il se veut prudent : « Le plus dur reste à faire. Vous donnez l’impression que l’affaire est entendue, mais il ne faudrait pas créer de faux espoirs. L’étude de faisabilité n’est pas faite, le terrain n’a pas été acheté non plus. Il va falloir aussi que vous entriez en action contre vos amis écologistes qui vous attendent au coin du bois avec un fusil. Sans oublier les associations qui vont trouver dans ce secteur magnifique l’existence d’espèces protégées. »
Sur la RCEA, il tient à signaler que le projet de concession n’est pas abandonné, mais suspendu. Mais « là encore il s’agit d’une politique de détricotage. On a aussi l’impression que le ministre découvre aujourd’hui la contre-proposition du Conseil général. Que de temps perdu ! Au train où ce dossier avance, on ne verra pas la RCEA avant 30 ou 50 ans. C’est dommage alors même que l’on parle d’attractivité. Je veux bien avoir tort, mais pour le moment rien ne prouve qu’on en prend le chemin. »
Et de déposer une motion relative à la mise à 2×2 voies de la RCEA demandant, entre autres, à ce que le calendrier de l’achèvement de travaux en 2017 soit respecté comme la majorité du Conseil général s’y était engagé « noir sur blanc » le 11 juillet 2011 ainsi qu’une délégation pluraliste d’élus de Saône-et-Loire puisse être reçue sans délai par le Premier ministre et le ministre des Transports.

 

 

Dominique Lotte, conseiller général du canton de Gueugnon et vice-président chargé du Logement, de l’Habitat, de la Ville et de l’Aménagement du territoire, répondant à André Accary :
« L’automne nous mine tous un peu, mais là vous êtes particulièrement morose. Il faut se reprendre. La morosité n’est pas de bon aloi pour un projet comme celui de Center Parcs. Il faut bien sûr rester prudent, mais aussi tout mettre en œuvre pour ne pas mettre de bâtons dans les roues du groupe Pierre et vacances. Que chacun porte son projet, quel que soit son camp. Il ne faudrait pas un grain de sable pour enrayer la machine !
En ce qui concerne l’acte 3 de la décentralisation, nous ne sommes plus dans une volonté affirmée de l’État de décider de tout. Il y a désormais une volonté de concertation et de discussion avec les élus locaux qui vont ensemble co-construire une réforme de la démocratie et de l’acte 3. Le changement, c’est la méthode différente de travail. »

 

 

Gérard Colon, conseiller général de Mâcon Nord : « Avec vous, le renoncement c’est tout le temps ! Vous cautionnez et laissez faire pour éviter d’être en conflit avec le gouvernement. Vous renoncez même sur des points majeurs. Pour la RCEA, cela fait trente ans que nous sommes tous conscients qu’il faut trouver une solution rapide, or le gouvernement actuel est incapable de prendre une décision importante et remet au goût du jour le « Il est urgent d’attendre ».
Que dire également de votre renoncement sur les moyens dévolues aux collectivités locales : allez vous continuer de poursuivre vos actions contre l’État pour obtenir le remboursement des transferts de compétences qui ne seraient pas compensées ? »

 

 

Jean Girardon, conseiller général du canton de Mont-Saint-Vincent : « L’alternance a eu un effet positif puisqu’elle a ouvert les yeux à au moins la moitié de l’assemblée. Depuis dix ans, tout ce qui était mauvais venait de l’État, aujourd’hui vous avez découvert la crise ! Dites le, n’ayez pas honte, on peut se tromper ! Comme pour le traité, vous n’avez changé aucune ligne à ce que vous allez signer.
Pour la RCEA, ce qui compte c’est que ça se fasse. Si ça ne se fait pas, ça ne sera plus la faute de l’État puisque c’est vous, les régions, c’est vous, le département c’est vous aussi ! Maintenant que vous avez les yeux ouverts, faites aussi que vous ayez les propositions adaptées. »

 

 

Rémy Rebeyrotte, conseiller général d’Autun Sud : « Quand on a soutenu un gouvernement qui a engendré 600 milliards d’euros de dettes en cinq ans, on se la joue modeste ! Et on regarde tous ensemble comment sortir le pays de la crise.  Redressons nous les manches et surtout ne baissons pas les bras pour que notre pays retrouve la voie de la croissance. »

 

 

Evelyne Couillerot, conseillère générale du Creusot Est : « Votre service après-vente Sarkozy est compliqué. Plus 1,5 millions de chômeurs en cinq ans. On comprend bien que vous êtes mal à l’aise. De notre côté, nous sommes heureux que le gouvernement détricote les mesures injustes prises auparavant. Il faut travailler ensemble dans la même direction pour être efficace. C’est ce que nos concitoyens attendent de nous. Soyez attentifs à leurs inquiétudes en ayant un rôle protecteur et d’accompagnement des populations le plus fragiles. »

 

 

Propos recueillis par Delphine CRESSON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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