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dimanche 4 janvier 2015 à 07:49

Société

Déposer un objet chez « ma tante », une solution pour faire face à l’imprévu



 

Déposer un objet chez « ma tante »,

 

une solution pour faire face à l’imprévu

 

 

« Non, non, non, j’irai pas chez ma tante, c’est pas beau et ça sent l’pipi d’chat… » chantait Pierre Perret en 1968. Mais rassurez-vous, ici, il ne s’agit pas de la même tante que chantait le célèbre Pierrot.

 

 

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Nous parlons ici de « ma tante », ces établissements de prêt sur gage, qui sont implantés dans de nombreuses villes de France. La plupart du temps, il s’agit du Crédit Municipal (nous en avons près de chez nous, notamment à Dijon).

 

En effet, lorsqu’on a un cruel besoin d’argent et qu’on dispose encore de quelques biens monnayables, il peut être nécessaire d’aller dans un établissement de prêt sur gage mettre ces biens en dépôt, en échange d’une somme d’argent. Avec l’espoir de les récupérer ensuite une fois la mauvaise passe terminée (en moyenne, 9 personnes sur 10 récupèrent l’objet déposé) et l’argent remboursé. On dit mettre ces objets chez « ma tante », mais aussi « au Mont de Piété » ou « au clou ». C’est la valeur estimée de l’objet sur le marché des enchères publiques qui détermine le montant du prêt.

 

L’appellation « ma tante » date du début du XIXe siècle. C’est un terme ironique qui vient de ces personnes qui, ne voulant pas avouer leur recours au mont-de-piété, expliquaient leur soudaine rentrée d’argent par un apport venu de la proche famille.

 

 

Et à ceux qui se demanderaient pourquoi la « tante » plutôt que la cousine ou la belle-mère, certains l’expliquent par l’utilisation du féminin de « oncle » qui, en Belgique au XVIIe siècle, désignait un prêteur sur gage.

 

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Concrètement, comment se passe cette transaction, somme toute assez peu connue de nos concitoyens ? Il faut savoir que le prêt est généralement accordé dans un délai d’environ une heure, selon l’affluence. A noter que nous parlons ici, une fois n’est pas coutume, du Crédit Municipal de Paris. Tout d’abord, votre ou vos objets sont estimés par des experts. Le prêt représente 50 à 70 % de la valeur estimée de ceux-ci sur le marché des ventes aux enchères publiques. Si le prêt est refusé, vos objets vous sont immédiatement restitués. S’il est accordé, un contrat d’une durée de 6 mois est établi et la somme d’argent vous est remise sur le champ. Et rassurez-vous, les objets sont conservés en toute sécurité dans des chambres fortes.

 

 

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Détail rassurant : à tout moment, avant échéance, vous pouvez récupérer vos objets en remboursant le montant du prêt et les intérêts (calculés au prorata du nombre de mois). Et si d’aventure, il vous est impossible de rembourser le prêt, il vous suffit de payer les intérêts pour renouveler celui-ci en fonction de la durée de votre contrat. Si vous ne voulez pas ou ne pouvez pas rembourser ces intérêts, l’objet sera vendu aux enchères. Le produit de la vente servira à rembourser le prêt et les intérêts.

 

Mais pouvons-nous apporter tout et n’importe quoi chez « ma tante » ? L’éventail est large puisqu’on y trouve argenterie, armes anciennes, bandes dessinées, fourrures, horlogerie, instruments de musique, jouets de collection, livres, mobilier objets d’art et montres. Dans la liste des gages acceptés, on trouve aussi des photos, des pièces de monnaie, de la porcelaine et de la faïence, des sculptures, des tableaux, des tapisseries, des timbres de collection, des vêtements et même des vins et des spiritueux.

 

Une fois les objets en question déposés, des professionnels procèdent à une expertise de ces derniers. Experts certes, mais aussi commissaires-priseurs ou gemmologues vérifient leur authenticité et leur valeur sur le marché des ventes aux enchères publiques. Ceci afin de vous proposer l’estimation la plus juste de vos objets. Il est à noter que 85% des objets déposés au prêt sur gage sont des bijoux et les 15% restants sont consacrés aux objets d’art et à l’argenterie.

 

Au XIXe siècle, les objets les plus fréquemment déposés en gage étaient des vêtements, toutes sortes de linge, des matelas et des outils (pour la classe ouvrière). Les ouvriers n’étaient pas les seuls à avoir recours au Mont-de-Piété, les commerçants et petits bourgeois y étaient très nombreux, ils y déposaient plutôt des petits bijoux, des meubles, des pendules. La haute bourgeoisie et l’aristocratie momentanément dans le besoin, faisaient également appel aux Monts-de-Piété, les objets déposés étaient le plus souvent des bijoux de grand luxe.

 

Amusons-nous avec quelques statistiques venant du Crédit Municipal de Paris. Ainsi, on recense comme l’objet le plus ancien en magasin, un piano qui y séjourne depuis…49 ans. A contrario, une montre n’y est restée que 24 heures ! Dans un autre registre, 87% des clients du Crédit Municipal de Paris sont des femmes et 90% d’entre elles récupéreront leur bien au final.

 

Et le stock de cette véritable caverne d’Ali Baba ? 1 300 000 objets recensés et stockés sur place, soit 3 fois plus que les œuvres conservées au musée du Louvre ! Par ailleurs, 82 ventes aux enchères ont été organisées en 2014. Petite précision : 75% de l’activité des prêts sur gage est financée par l’épargne solidaire placée dans l’établissement. Le premier prêt sur gage ne date pas d’hier puisqu’il a eu lieu en 1637.

 

L’année passée, le Crédit Municipal a créé la « Cave de ma tante ». Les personnes peuvent y laisser en gage leurs vins millésimés, bouteilles rares etc.

 

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Et cerise sur le gâteau (au miel) : 180 000 abeilles (4 ruches) vivent sur le toit du Crédit Municipal de Paris. Elles y produisent notamment le fameux « Miel de ma tante ».

 

 

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En bref, il suffit, en cas de gêne – passagère – aux entournures, ou pour faire face à des dépenses imprévues, de se fendre d’une petite visite à « ma tante » sans culpabiliser. Ce n’est qu’une séparation limitée dans le temps d’avec vos bijoux ou œuvres d’art. Vous n’en serez que plus heureux de les retrouver un peu plus tard, car ce sera le signe que vos finances sont redevenues plus saines… Le mieux, c’est de ne pas avoir besoin de « ma tante », mais parfois, on ne choisit pas…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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