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jeudi 19 juin 2014 à 08:00

Halte au gaspillage

La revanche des fruits et légumes moches



 

 

La revanche

 

des fruits et légumes moches


Quoi ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? Qui ne s’est pas fait cette réflexion au moins une fois dans sa vie ? Pour peu que vous ne correspondiez pas parfaitement aux canons de la beauté, le regard des autres n’est pas toujours très tendre. Et, quand par malheur vous avez plus la tronche genre « gueule cassée » que « bogosse », on n’en parle même pas !

 

 

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Qu’est-ce-qu’elle a ma gueule ?

 

Et bien figurez-vous qu’il n’y a pas que les humains qui souffrent de leur apparence et des diktats de la beauté. Les fruits et légumes aussi ! Oui, oui…Eux sont carrément orphelins, abandonnés, car personne n’en veut si leur physique ne flatte pas l’œil du consommateur. Le beau fait vendre, pas le moche. C’est la vie…

 

Il suffit de regarder nos congénères dans les supermarchés : et que je tâte les poires, les cerises, les pêches, quitte à les écrabouiller pour mieux les reposer et prendre celles qui sont encore intactes. Quand certains ne les dégustent pas carrément sur place en crachant pépins et noyaux dans le rayon. Ne riez pas, chers lecteurs, je l’ai, de mes yeux vu, à moult reprises.

 

Même punition pour les tomates qui doivent être nickel : bien mûres mais pas trop, bien rouges, bien rondes, brillantes, sans aspérités. Que la pomme de terre ne se fasse pas d’illusions non plus. Si elle s’orne de petits « zigouigouis » bizarroïdes, au rebut ! Quant à la carotte, ayant déjà une petite connotation sexuelle pour les plus rigolards, elle a intérêt à ne pas faire la maligne et s’en tenir à sa forme conique. Un point c’est tout.

 

 

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Pas belle certes, mais délicieuse quand même

 

 

Tiens, juste pour nous faire une idée de la gabegie alimentaire dans l’Union Européenne, sachez que 89 millions de tonnes d’aliments (environ 179 kg par habitant) sont gaspillés chaque année. A défaut de mesures, ce ne sont pas moins de 126 millions de tonnes (40% de hausse) qui sont prévues d’ici à 2020.

 

Selon la Commission Européenne, l’origine du gaspillage vient des ménages à 45%, de l’industrie agroalimentaire à 39%, du détaillant à 5% et du secteur de la restauration à 14%. Cette source précise que le gaspillage des ménages pourrait être évité à 60% !

 

Car ce que le consommateur ne sait pas (ou fait semblant de ne pas savoir), c’est que ce gâchis à un coût pour lui aussi. En effet, ne nous leurrons pas, le prix des produits jetés se répercute sur celui annoncé en supermarchés. Et sur le producteur : trop petits, trop gros, fruits et légumes sont triés comme pour un concours de beauté. Par exemple, un producteur d’endives « plume » celles qui sont trop grosses jusqu’à obtenir la taille qui la fera entrer dans le moule. Or, toutes les feuilles enlevées sont saines et pourraient faire une belle salade ! Autant de gaspillage qui montre que notre attitude de consommateurs est bel et bien à revoir…

 

C’est pour ça que le collectif « Quoi ma gueule ? » a proposé de mettre en vente ces fruits et légumes « moches ». Vendus 20 à 30% moins chers, ils sont regroupés en trois catégories : les chétifs, ceux qui ont été victimes des intempéries comme la grêle, la pluie… et ceux qui présentent des « anomalies génétiques ».

 

Bien évidemment, tous ces produits sont de qualité et parfaitement consommables. Et ce sont les Intermarchés qui ont testé cette initiative les premiers. Depuis, d’autres enseignes les ont suivis.

 

Mais cette bonne idée n’est pas encore généralisée. Ainsi, localement, aucun étal estampillé « Quoi ma gueule ? ». A l’Intermarché du Bois du Verne, les légumes quelque peu défraichis sont mis en sachets et proposés pour la modeste somme de 0,90 euros. Dans cette grande surface, on essaie depuis une trentaine d’années de ne pas gaspiller.
A l’Intermarché de Gourdon, « Quoi ma gueule ? » n’existe pas non plus. Par contre, on y trouve un « bac à soldes » avec des produits à moitié prix. Date limite de consommation très proches, produits en fin de vie etc.

 

Toutefois, rien à voir avec les « tronches à part » des fruits et légumes. Localement, on parle des produits « normaux » mais un peu flétris. « Quoi ma gueule ? » s’adresse aux produits « disgracieux ».

 

Mais qui achètera ces produits atypiques ? Si vous questionnez votre entourage, vos amis, votre famille, tous vous diront la bouche en cœur qu’ils sont prêts à acheter ceux-ci. Que le gaspillage ce n’est pas bien et tutti quanti…

 

Faisons un petit test : transformez-vous en souris et regardez la clientèle dans les rayons en question. Honnêtement, y-a-t-il un seul client qui ne soupèse pas ces pauvres fruits, qui ne scrute pas dans les moindres détails la courgette ou le concombre qu’il convoite ? Mieux ! et véridique : j’ai personnellement vu un monsieur qui triait sur place des épinards frais. Il arrachait les queues, éliminait les mauvaises feuilles qu’il rejetait avec beaucoup de naturel dans la cagette…Grrrr ! Il y a des moments où des coups de pied aux fesses se perdent ! Celui là n’est pas encore « mûr » pour les gueules cassées…

 

 

 

 

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