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mercredi 21 octobre 2015 à 05:56

Du côté de la librairie…

Envie de lire… Encore quelques rentrées !



 

La prolifération de titres parus cet automne me permet de poursuivre cette rentrée littéraire, entre premier livre et suite, en changeant d’époque et de lieu pour découvrir de drôles de personnages !

 

 

 

 

L’on entre en prison avec le héros dont on va découvrir l’histoire, de manière un peu débridée, au fil des confidences qu’il livre à son collègue de cellule, « colloc », et entre les épisodes plus ou moins épiques de la vie carcérale. Cette histoire, c’est une histoire d’amour qui finit mal, une histoire d’amour fantasmée sans doute par le héros, dont on ne sait pas si elle a jamais été ce qu’il en voyait… et dont on se demande, à l’instar de « colloc », pourquoi diable il a supporté tout cela ? Tout cela, c’est-à-dire le désintérêt de sa femme, Luz, pour lui, ses absences, les vacances ennuyeuses en club de vacances, la sœur envahissante, l’absence de relation sexuelle… Le ton est caustique et le discours fourmille de petites remarques qui font mouche sur la vie de couple.

 

 

Autant le titre paraissait croustillant, autant on reste un peu sur sa faim : la vie en prison est décrite d’une façon un tant soit peu trop burlesque pour être crédible. Peu crédible aussi l’aveuglement total du héros face à l’évolution de son couple et, finalement, le Taï chi n’a aucune présence dans le livre : il y aurait sans doute eu à faire avec le sujet !

 

 

« Comment j’ai perdu ma femme… » : ce titre aurait suffit !

 

 

livre 2010153

 

 

Hugues Serraf. Comment j’ai perdu ma femme à cause du Taï Chi. Editions de l’Aube, 2015. 152 p. 16 €

 

 

 

L’ambre solaire. Voici un sujet de livre peu courant. Eté 1959, dans le Var, tout proche de la crique du Canadel. Joël a 17 ans et rencontre Gilles et Liliane, frère et sœur, leur cousine Evelyne, et Antoine Craig, un architecte de 27 ans. Sous un soleil brûlant, ils voient osciller entre baignade, tennis et faire des rencontres au détour du casino de Monaco. Mais tout n’est pas baigné dans cette odeur d’ambre solaire, un peu trop présente à mon goût : la guerre d’Algérie n’est pas loin et les drames personnels non plus. Sous couvert d’insouciance, les vies de ces protagonistes vont prendre des chemins inattendus et voir des destins se briser ou se transformer. Un premier roman plein de couleurs, mais qui m’a laissé en demi-teinte tant cette Ambre est littéralement présente dans les pages.

 

 

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Daniel Parokia. Avant de rejoindre le grand soleil. Paris : Buchet Chastel, 2015. 206 p. 14 €

 

 

 

Etrange histoire que celle proposée par Claire Castillon. Trois personnages de femmes, à la limite de la soumission, s’entrecroisent dans les trois chapitres de l’ouvrage : Tamara a épousé Claude tout en étant encore amoureuse de Quick, qui l’a quittée et qui sort désormais avec Aimée, l’ancienne femme de Claude, pas franchement amoureuse. Au milieu de ces deux femmes tente d’exister Esther, la fille d’Aimée et de Claude. A la fois naïve et espionne , elle vit la violence des hommes tout en manopulant le monde qui l’entoure. Assez déstabilisant, ce roman oscille entre le malsain, la faiblesse féminine, la caricature masculine, l’adolescence aveugle. Difficile d’accrocher devant ce pseudo-féminisme auquel j’ai eu du mal à adhérer.

 

 

livre 2010155

 

Claire Castillon. Les pêchers. Paris : Editions de l’Olivier, 2015. 202 p. 17.50 €

 

 

 

Voici un étonnant conte que celui proposé par Danny Witting. Cet auteur suédois, d’origine juive, retace ici une sorte de parcours quasi initiatique vécu avec son père et son fils. Partant de Suède, les trois générations vont rejoindre la ville natale des aïeuls de l’auteur, à Malbrok, en Pologne. L’arrière-arrière-grand-père Hermann Isakowitz y vivait avant le déclenchement de la Seconde mondiale et la dispersion des siens, partis rejoindre des terres qu’ils pensaient moins hostiles, comme la Suède. Selon l’histoire familiale, il aurait dissimulé un trésor avant de s’enfuir. Léo Wattin, jeune garçon de 11 ans, décide son père Danny et son grand-père Hans pour partir en voiture rechercher ce trésor.

 

 

Sous couvert d’une certaine part de burlesque, qui tient principalement à la personnalité loufoque du grand-père Hans, ce conte émouvant nous entraîne, au fil des kilomètres parcourus, sur les traces de cette famille détruite par le nazisme, obligée de fuir pour survivre, et qui pendant plusieurs générations n’oubliera jamais qu’elle a eu faim. Chacun des trois personnages, butés mais attachants, va vivre ce retour dans le passé de manière différente pour nous livrer une piqûre de rappel indispensable et qui prend toute sa valeur compte tenu de notre propre actualité « migratoire ». Poignant.

 

livre 2010154

 

 

Danny Wattin. Le trésor de Monsieur Isakowitz. Paris : Presses de la Cité, 2015. 285 p. 20 €

 

 

 

Délicieux décalage d’Emilie de Turckheim, « Popcorn melody » mériterait un film. Dans un décor de cinéma du Midwest américain, accroché au comptoir de sa supérette, Tom Elliott vit entouré d’habitants qui travaillent dans l’usine de pop-corn locale. Décidé à appliquer une « trilogie du bonheur » un peu particulière (manger, se laver, tuer les mouche), il ne propose quasiment que des rayons vides qui sont cependant souvent remplis. En effet, à côté du comptoir, trône un fauteuil de barbier où chacun vient raconter ses misères… jusqu’au jour où, en face de la supérette, se construit un supermarché.

 

 

Particulièrement original, voire loufoque, le roman croise l’histoire des Indiens d’Amérique avec celle plus contemporaine de Tom. L’ambiance, très « Bagdad Café », reflète les affres de notre société de consommation et parle de ce qui fait notre bonheur. La belle écriture de l’auteur, quoique parfois inégale, nous plonge délicieusement dans cette Amérique profonde à l’odeur de popcorn, qui éclate de manière juste et vraie.

 

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Emilie de Turckheim. Popcorn Melody. Paris : Héloïse d’Ormesson, 2015. 204 p.

 

 

 

 

 

 

 

 



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