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mercredi 2 septembre 2015 à 12:28

Du côté de la librairie…

Envie de lire… Spécial rentrée littéraire



 

 

Des belles choses, des moins bonnes… Les éditeurs nous ont réservé de belles surprises, et d’autres que l’on aura pu éviter…. A mon avis !

 

Poignant premier roman que celui de Pascal Manoukian, qui revêt des accents de réalités assez troublants, peut-être parce que nous y sommes confrontés quotidiennement, au moins médiatiquement.

 

 

 

 

 

 

Virgil, Chanchal, Assan et Iman foulent sur le sol français dans les années 90, pour des raisons différentes mais qui relèvent de la même volonté : survivre et quitter des territoires devenus hostiles à une vie décente. Plaçant leur espoir dans une vie meilleure, ils vont, chacun de leur côté, affronter les passeurs meurtriers, les embarcations que l’on ne peut même pas qualifier « de fortune », dormir dans les trous creusés au cœur des forêts de banlieue parisienne, oublier de se nourrir et accepter des conditions presqu’inhumaines pour avoir le droit de ne pas retourner « chez eux ». Très cru, sans faux semblants, mais avec une sensibilité et une intelligence toujours présentes, ce roman trace leur parcours et leur rencontre. Fuyant l’excision, les meurtres, les intempéries, les ventes d’organes, les quatre réfugiés vont, tant bien que mal, s’essayer à rester humains et à s’entraider. Une belle leçon de vie, avec une interrogation qui m’a taraudée pendant cette lecture : aurais-je eu le courage d’affronter tout cela si j’étais née du mauvais côté de la frontière ?

 

 

Pour leur première rentrée littéraire, les Editions Don Quichotte ont sorti le grand jeu et méritent amplement les louanges des critiques grâce à ce roman. Bravo !

 

 

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Pascal Manoukian. Les échoués. Paris : Don Quichotte, 2015. 298 p. 18.90 €

 

 

 

 

Autre roman, autre genre… Soit je ne suis pas sensible au style de l’auteur, soit… Je ne suis pas sensible au style de l’auteur ! Avec « La contre-heure », Sébastien Hoët sort ici une production que je n’ai pas comprise. Sous le couvert d’une quatrième de couverture qui m’a semblée intéressante (un prof de philo confronté au suicide d’une élève du lycée où il enseigne), l’auteur se lance dans une diatribe mi-sexuelle mi-intellectuelle versant bobo à laquelle je n’ai pas trouvé d’intérêt. Le sujet de lancement est abandonné dès les premières pages pour se perdre dans la vie de ce prof désabusé, ironique, en déshérence. Bof.

 

 

 

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Sébastien Hoët. La contre-heure. Paris : Kero, 2015. 215 p. 15.90 €

 

 

 

 

Impressionnant ouvrage que celui de Jean Hatzfeld qui a pour toile de fond le génocide rwandais. 20 ans après les massacres, il revient sur ses terres et parle avec les enfants des victimes et des tueurs. Chaque jeune livre ses souvenirs, sa vision du passé, ce qu’il a compris de l’attitude de ses parents. Immcaulée, Idelphonse, Fabrice vivent tous ensemble, vont au lycée, se côtoient dans les bars, mais n’abordent jamais ce passé vécu de manière si différente d’une famille à l’autre. Particulièrement poignant, car il reprend les mots de ces jeunes, le livre s’entrecoupe avec les propos de l’auteur pour livrer une nouvelle vision du génocide et du ressenti de ces jeunes qui, sans l’avoir vécu, n’en sont pas moins définitivement imprégnés.

 

 

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Jean Hatzfedl. Un papa de sang. Paris : Gallimard, 2015. 256 p. 19 €

 

 

 

Difficile de venir à bout de ce « roman » dur, violent, sans concession. Revenant sur le passage à tabac du jeune noir Rodney King par des policiers blancs, en 1992, à Los Angeles, il dévoile un pan des émeutes qui se sont produites à la suite de l’acquittement desdits « agents de l’ordre » en prenant un angle original : celui du monde hispano-américain. Pendant six jours, dix-sept personnes prises dans le chaos des événements vont vivre au rythme des règlements de comptes, des meurtres, des poursuites et des pillages. Décrivant les scènes d’assassinat, voire de torture, Ryan Gattis explore et expose la violence des hommes au travers de ces dix-sept voix, la crue réalité de la rue et des trafics en tous genres, l’inhumanité et la violence. Actrice à part entière, la ville devient être vivant et s’anime de couleurs jaunes et sang. Complexe.

 

 

 

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Ryan Gattis. Six jours. Paris : Fayard, 2015. 428 p.

 

 

 

Partie à reculons dans la lecture de ce livre, j’ai très vite accroché à la belle et fine écriture d’Amanda Sther (que je n’avais jamais lue) qui m’a embarqué dans une histoire d’amour universelle. Au-delà du personnage de Sandro, qui à quarante ans passés découvre l’amour après lequel il a toujours couru, nous voici plongé dans les souvenirs de cet homme privé de père, doté d’un grand-père cherchant à le convertir à son style de vie, de deux amis « à la vie à la mort » et de souvenirs douloureux ou plein d’amour. Délicat et vrai, le roman a cette subtilité de propos qui nous fait prendre conscience de l’importance des sentiments et de l’attachement. On y parle de promesses, tenues ou non, de ces promesses qui laissent des traces dans la vie, en bien ou en mal, et qui nous construisent ou nous détruisent. On touche là un ressenti simple et complexe, des souvenirs dans lesquels chacun peut se retrouver, une sensibilité profonde mais sans mièvrerie ni artifice. J’ai aimé. Simplement.

 

 

 

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Amanda Sther. Les promesses. Paris : Grasset, 2015. 306 p. 19 €

 

 

 

 

 



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