Ce mercredi, Bernard Chemoul, directeur du Centre Spatial Guyanais de Kourou, tenait une conférence au lycée Henri Parriat à Montceau-les-Mines.

Les étudiants de la CPGE Technologies et Sciences de l’ingénieur étaient pour le coup, studieux et attentifs aux propos de l’expert, venu partager avec l’assemblée les enjeux de la politique d’accès à l’espace en Europe.

Le rôle des technologies dans l’espace

L’expert a d’abord indiqué que l’espace est un lieu privilégié pour observer la Terre, comprendre comment elle s’est formée et déterminer comment elle va évoluer.

Il a également rappelé qu’aller dans l’espace gardait un caractère stratégique pour un pays.

Après avoir présenté le Centre d’Étude National Spatial (CNES) auquel il est rattaché, il a rappelé que c’est le CNES qui a proposé le projet Ariane, bien connu de tous.

Le CNES a été créé en 1961, à l’initiative du Général de Gaulle et continue de proposer des programmes au gouvernement, qui décide de leur application.

Le CNES a également un partenariat avec l’Agence Spatiale Européenne, lui permettant de participer à de grands programmes européens et mondiaux.

Parmi les autres partenaires, le conférencier a ainsi parler du Qatar, pays possédant peu de moyens aéronautiques.

Le centre spatial de Kourou, port spatial européen

Le centre spatial de Kourou comprend une présence européenne très forte. A peu près, toutes les nationalités sont représentées, ce qui fait dire à Bernard Chemoul que le centre spatial de Kourou est un port spatial européen.

Le budget du CNES représente 2, 2 milliards d’euros par an, soit 33 € par an par habitant : c’est plus que le budget de l’Allemagne (1, 4 milliard d’euros) ou de l’Italie (800 millions d’euros) consacré à l’espace.

Les domaines d’intervention du CNES

Aujourd’hui les domaines de l’intervention du CNES sont multiples.

D’abord, le CNES cherche à permettre de comprendre le système solaire, l’origine de l’Univers et à accroître notre connaissance et notre compréhension des objets stellaires.

Cela passe par exemple, par une meilleure compréhension de la relativité.

La question sur l’existence de la vie dans l’espace est une de celles traitées également.

Puis le conférencier a évoqué plusieurs programmes de sondes envoyées dans l’espace.

Gaïa est ainsi un satellite lancé en 2013 et qui mesure les positions des planètes.

Rosetta est une sonde partie vers une comète en 2004 et arrivée en 2014. En novembre 2014, l’atterrisseur Philae s’est déposé sur la comète.

A travers ce dernier exemple, le conférencier a insisté sur le défi humain que représentent de telles aventures : un défi important de gestion d’un projet, le passage de connaissances des anciens aux plus jeunes sur un projet de longue durée ; un défi technique aussi d’une machine éteinte pendant 8 années de voyage.

Autre domaine d’intervention du CNES : l’observation de la Terre. Des satellites prennent des photos qui sont ensuite analysées. Le CNES s’intéresse ainsi au cycle de l’eau, les hauteurs des océans.

Le programme Merlin mesure le taux de carbone sur la Terre pour comprendre les changements climatiques.

Troisième domaine d’intervention : les télécommunications

Ce domaine a été présenté comme une solution pour répondre aux besoins du citoyen européen. On a appris ainsi que 500 satellites de télévision se trouvent au-dessus de l’Europe.

Mais le conférencier a indiqué que le défi majeur réside dans le développement d’internet haut débit par satellite.

Déjà actuellement les satellites permettent la navigation par GPS.

Or à ce jour, l’Europe dépend de satellites américains et cherche à développer ses propres outils de géolocalisation via le programme Galiléo. Celui-ci requière une vingtaine de satellites pour que le programme soit opérationnel.

Mais au-delà de cette fonction, Bernard Chemoul s’est positionné pour le développement des satellites de télécommunication dans un but d’égalité des citoyens face à l’administration.

L’espace et la santé

Via les satellites et l’utilisation des services de télécommunication, les médecins ont la possibilité de s’entretenir avec des patients à distance.

Le conférencier présente donc un nouvel argument dans le sens des technologies de l’espace.

Enfin dernier domaine présenté, la sécurité des citoyens est développée à travers la communication, les renseignements et la surveillance de l’espace.

Présentation des données techniques des lanceurs

Par la suite, le conférencier a poursuivi son exposé par les présentations techniques des lanceurs (fusées) utilisées et leurs capacités : Ariane 5, lanceur de 10 T pouvant transporter deux satellites de 5 T, le lanceur Soyouz de conception russe, d’un poids de 3 T et le lanceur Vega d’un poids de 1,5 T.

Rentrant dans des données extrêmement techniques, le Directeur du Centre Spatial Guyanais a ainsi échangé sur les origines des pannes, les mélanges des combustibles ou encore la fabrication d’une fusée : éléments dont la maîtrise est indispensable à la bonne réussite de tout projet mené dans l’espace.

De la conception, à la construction en passant par la logistique inhérente au transport des pièces de lanceurs, le conférencier a traité le sujet de manière complète face à une assemblée attentive.

Il aura sans doute créé des vocations au sein des étudiants du lycée Henri Parriat.