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jeudi 11 décembre 2014 à 10:07

Envie de lire… (Culture)

...pour les ados !



 

 … pour les ados ! 

 

Non, les jeunes ne passent pas tout leur temps sur les réseaux sociaux ! Enfin, pas tous ! Parce qu’ils sont à l’âge où l’on se forge ses propres idées, je leur propose cette semaine 2 axes de lecture : du divertissement et de la réflexion.

 

 

 

Un roman, tout d’abord, qui va combler les fans de « Nos étoiles contraires », Love Story des ados de 2014.

 

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Gallimard vient de publier « Qui es-tu Alaska ? », de John Green.

 

Le pitch : Miles Halter a 16 ans, et il a l’impression de ne pas avoir vécu. Il décide donc de quitter le cocon familial pour aller passer l’année sur un campus universitaire. Habitué à ne pas avoir d’amis depuis des années, il va découvrir son collègue de chambrée, surnommé « Le Colonel » et des amis Takumi et Alaska. La belle Alaska dont il va tomber irrémédiablement amoureux, enveloppée de mystères, de rébellion, de lutte contre elle-même. Ce sera l’année des premières fois, des premiers amours, des déceptions et des doutes, mais aussi celle des acceptations. Un bon roman avec juste ce qu’il faut de suspens et pas trop de bons sentiments.

 

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Autre proposition : « La preuve par 7 ». L’histoire d’une jeune ado de 12 ans surdouée totalement à côté de la plaque dans ses relations avec les autres et qui, au détour d’un drame familiale, va devoir composer avec la société. A la perte de ses parents, Willow va être recueillie par un conseiller un peu perdu et une manucure qui vit dans un garage. Au fil des mois, elle va découvrir que tout ne se résume pas à des formules mathématiques ou des faits scientifiques. Très attachant, ce roman nous amène à comprendre que la vie ne s’arrête pas aux drames, et que la vie peut repartir quand on accepte de lui sourire.

 

John Green. Qui es-tu Alaska ? Paris : Gallimard, 2014 / Holly Goldberg Sloan. La vie par sept. Paris : Gallimard, 2014. 360 p. 17,50 €

 

Un jeune esprit est prêt à se former à la critique, et la lecture est l’un des moyens à notre disposition pour lui donner la possibilité de se forger sa propre opinion. Voici donc 4 livres, dont certains assez durs, qui rempliront très bien cet office.

 

 

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Desmond Tutut a dit du livre « Ne tombe jamais » qu’il était l’un des plus forts et impressionnants que j’aie jamais lu. J’aimerai reprendre cette phrase à mon actif. Patricia McCormick a recueilli le témoignage d’Arn Chorn-Pond qui a survécu au génocide des Khmers rouges en jouant de la musique dans les Champs de la mort. Nous sommes au Cambodge, en avril 1975. Arn a onze ans, une famille, et vit à Battambang. Il danse au son d’Elvis Presley, se faufile dans les cinémas et vend des glaces dans la rue. Arrivés au pouvoir, les Khmers rouges envoient tous les habitants du village en longues marches forcées vers les camps de travail. Séparé de sa famille, Arn travaille dans les rizières sous une chaleur accablante, rongé par la faim et soumis aux visions d’horreur des massacres perpétrés par ses compatriotes. Les Khmers vont entamer leur travail de destruction en assassinant des milliers d’enfants et d’adultes et en endoctrinant ceux qui restent. Intégré dans un « orchestre » Arn va survivre. La fin de la guerre arrivant, les Khmers iront jusqu’au bout du génocide en enrôlant les enfants survivants dans leurs propres rangs de tueurs.

 

Je ne vous livrerai qu’un extrait, pour prendre la teneur de ce qu’Arn a vécu : « Vous riez ou pleurez ou suppliez, ils vous tuent tout de suite. Vous ne dites rien, ils vous tuent de toute façon. J’essaye de penser à ma famille – ma tante, mes sœurs, mon petit frère – pour qu’ils soient dans mon cœur avant que je meure. J’essaye d’ouvrir dans ma tête la porte fermé, là où je les cache. Mais je n’y arrive pas. Je n’arrive plus à les voir, je n’arrive pas à faire revenir leurs visages. Pendant tout ce temps, je me suis donné tant de mal pour les cacher, maintenant, je ne les trouve plus. Tous ces Khmers rouges parlent d’oublier, toujours je pense que je peux désobéir, toujours je garde ma famille vivante dans ma tête. Mais maintenant, les Khmers rouges, ils gagnent. Ils ont tué la famille dans ma tête ».

 

Bien qu’étant dans cette chronique dédiée aux ados, ce livre ne convient pas aux plus jeunes. Même en tant qu’adulte, il est difficile de lire les détails de telles atrocités. Cependant, il permet de comprendre la réalité d’un génocide et, en poussant un peu plus loin la réflexion, de prendre conscience des horreurs du totalitarisme.

 

Patricia McCormick. Ne tombe jamais. Paris : Gallimard, 2014. Coll. Scripto. 223 p. 10.90 €

 

Second choix : l’histoire de Malala, actuelle prix Nobel de la paix. Pakistanaise de 11 ans, elle commence à décrire ses conditions d’écolière dans un pays tenu par les talibans avec l’aide d’un journaliste et sous un faux nom. Elle s’oppose à ceux qui veulent supprimer les droits des femmes, interdire l’école aux filles, les réduire à de simples choses. Sans arme, sans violence, avec beaucoup de courage compte tenu de la situation du pays, elle énonce des vérités qui dérangent. Rapidement, les autorités prennent conscience du danger que ces témoignages représentent pour eux. Le 9 octobre 2012, alors qu’elle se rend à l’école dans la vallée de Swat, on lui tire dessus, la blessant grièvement à la tête. Elle a alors 15 ans et réclame simplement le droit d’apprendre. Soignée en Angleterre, elle va poursuivre ses témoignages dans le monde entier.

 

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Viviana Mazz. L’histoire de Malala, celle qui a dit non aux talibans. Paris : Gallimard Jeunesse, 2014. 204 p. 10.90 €

 

Dans un style plus léger, mais concernant des sujets aussi importants, Actes Sud Junior publie deux ouvrages. Le premier porte sur la présentation du conflit algérien entre 1954 et 1962. L’auteur, né en Algérie en 1955, n’a pourtant pas pris conscience du conflit avant 1973, au détour de conversations avec un oncle impliqué dans le conflit. Après avoir retracé l’histoire du pays et la colonisation par l’Etat français, il retrace les étapes de cette « sale guerre » qui va s’étaler jusqu’en 1962, date à laquelle une issue sera trouvée, avec l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 19 mars 1962 suite aux accords d’Evian, puis la proclamation de l’indépendance le 5 juillet de la même année. Sans pareille par sa brutalité, cette guerre sans nom a divisé la société française. On sent encore aujourd’hui les tensions liées à ce conflit, qui est presque un sujet tabou, enjeu d’une véritable guerre des mémoires.

 

Seconde proposition de l’éditeur, la récente parution de l’extraordinaire collection « Ceux qui ont dit non » consacrée à Rosa Luxembourg et aux frontières. Cette collection de romans historiques est destinée à éveiller l’esprit de résistance en offrant des récits de vue de figures fortes qui ont eu un jour le courage de se révolter pour faire triompher la liberté ou la justice. Le roman est complété par un dossier documentaire. On y découvre donc l’histoire (originalement racontée par Mimi, son chat) de Rosa Luxembourg, juive née en 1871 en Pologne, et émigrée en Allemagne en 1898. Militante socialiste et fondatrice du Parti communiste d’Allemagne, elle va s’opposer à la Première guerre mondiale et sera assassinée à Berlin pendant la révolution allemande de 1919.

 

A savoir, actualité oblige, qu’un ouvrage est paru cette semaine dans cette collection : Simone Veil : « Ceux qui ont dit non aux avortements clandestins ». A méditer.

 

Gérard Dhôtel/Jeff Pourquié. Algérie 1954-1962

 

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– La salle guerre. Paris : Actes Sud, 2014 / Anne Blanchard.

 

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Non aux frontières : Rosa Luxembourg. Paris : Actes Sud Junior, 2014.

 

Coll. Ceux qui ont dit non. 84 p. 8 €

 

Véronique Décrenisse-Kieny

 

 

 


 



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