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mercredi 25 juillet 2012 à 08:18

Lutte contre les étourneaux

Julien Juban, maître-fauconnier à la rescousse des victimes



 

 

Julien Juban, maître-fauconnier à la rescousse des victimes

 

 

 

Un spécialiste basé à Saint-Christophe-en Brionnais fort d’une expérience certaine. Portrait.

 

 

 

 

 

Depuis plusieurs années, les montcelliens sont exaspérés par l’invasion d’étourneaux qui s’abat sur leur ville, lors des différentes vagues de migration de ces indésirables volatiles. Au programme des réjouissances : bruit diurne et nocturne, fientes nauséabondes et dangereuses au sol, sans compter les salissures des véhicules stationnés dans ces zones.

Malheureusement pour les habitants concernés (notamment ceux situés vers le lac du Plessis, vers le quai De Gaulle, place Beaubernard ou encore vers la place de l’église) ces étourneaux font partie d’une espèce qui s’adapte bien au contexte urbain. Si bien même que leur population s’accroit d’année en année. Depuis quelques saisons, la municipalité a essayé des subterfuges pour faire cesser ces nuisances (en diffusant par exemple le cri du geai pour les effaroucher). Avec un succès mitigé, en tout cas pas assez efficace. Mais devant ce problème récurrent qui gâche la vie des citoyens, la Communauté urbaine prend le relais et dégaine l’artillerie lourde.

En effet, il a été décidé de faire appel à Julien Juban, un maître fauconnier, qui est basé à Saint-Christophe-en Brionnais et qui pratique, entre autres, l’effarouchement par fauconnerie. Passionné de rapaces depuis l’enfance, il entre au parc animalier de Courzieu en 1996, pour y apprendre l’art de la fauconnerie. Puis, après avoir travaillé dans plusieurs parcs et voleries, Julien a découvert l’effarouchement par la fauconnerie en base aérienne militaire.
Fauconnier depuis maintenant 16 ans, chasseur au vol depuis 10 ans et unique maître fauconnier de Bourgogne, Julien Juban met son expérience au service de toutes collectivités, entreprises privées ou associations soucieuses de la protection de l’environnement. Et c’est ce qu’il se propose de faire à Montceau dès ce mercredi. Avec l’aide précieuse de 3 de ses 19 prédateurs. Ces derniers sont produits, élevés et dressés par Julien et sa compagne Maud, fauconnier elle aussi.

 

 

 

 

 

Mais qu’est-ce-que cette méthode qui obtient, selon le professionnel, des résultats garantis et durables ? L’effarouchement par la fauconnerie consiste à faire fuir des espèces animales indésirables, présentes en trop grand nombre. La méthode fait appel à la peur instinctive du prédateur. En effet,  le simple vol du rapace provoque la fuite de l’espèce dite nuisible, dont la concentration excessive occasionne des nuisances visuelles, sonores et sanitaires.
Et comme l’explique le fauconnier : « L’homme a modifié et façonné son espace de vie, qu’il soit urbain ou rural, créant des déséquilibres dans les chaînes alimentaires des biotopes environnants, provoquant la disparition de certaines espèces animales (notamment les prédateurs), et favorisant la prolifération d’autres d’espèces, qui deviennent parasites ». Ajoutant avec conviction qu’aujourd’hui, il nous faut faire face à différentes populations d’espèces en surnombre, souvent nuisibles dans les lieux publics et au plus près des habitations.
 L’explication en est simple : les étourneaux, ces inlassables voyageurs cherchent, une fois la nuit tombée, à économiser leur énergie. Pour ce faire, ils repèrent des arbres, notamment des platanes pour y dormir. Ils y sont bien au chaud, le soleil ayant généralement tapé toute la journée sur ceux-ci. Et les copains y sont cordialement invités.
Et c’est bien le combat qui nous occupe aujourd’hui. Ainsi, nous l’avons dit, dès ce mercredi, le fauconnier va effectuer ce qu’il appelle une « dissuasion aviaire ».
Accompagné de Jérémy Aublanc, un autre fauconnier, les deux hommes vont combiner non pas une seule stratégie pour éloigner les volatiles, mais rien moins que trois. Car comme l’explique Julien, l’imitation du cri du geai utilisée par la municipalité à plusieurs reprises ne résout rien. En réalité, le geai est sensé prévenir les étourneaux qu’un prédateur est dans le coin et que ce risque de mal se passer pour leur matricule s’ils ne déguerpissent pas rapidement. Mais ils ne sont pas bêtes ! Au bout de plusieurs fois, ils se rendent bien compte qu’il n’y a pas plus de prédateurs que de beurre en branche dans les environs et ils reviennent impunément semer la zizanie…et le reste. En associant à cette méthode, la véritable venue du prédateur, ce n’est pas la même limonade pour eux. Donc, après le cri du geai, un prédateur (un faucon) est lâché et tourne sur place pour dissuader les étourneaux et les inciter à partir. Ils sont guidés pour faire en sorte de les attirer hors de la ville. Les fauconniers rappellent ensuite le rapace, attendent un moment, puis lâchent deux buses de Harris (voir photo) qui vont traquer et attaquer les étourneaux restés dans les platanes. En complément, les fauconniers vont tirer des fusées crépitantes pour guider les intrus à l’endroit choisi (une place excentrée de la ville). Simultanément, des agents municipaux vont circuler aux endroits stratégiques (Le Plessis, place Beaubernard etc) en diffusant le fameux cri du geai.

 

 

 

 

 

Bien évidemment, toutes ces actions ne se feront pas sans quelques désagréments pour les riverains. Les fusées crépitantes engendrant des bruits de pétards, mais gageons que, trop heureux de se débarrasser des volatiles, les montcelliens prendront leur mal en patience durant 5 jours. De mercredi à dimanche soir inclus, dès le lever du jour (vers 5h30 /6h) et au coucher du soleil, la population risque d’être gênée. Mais c’est un mal pour un bien, qui vaut quelques sacrifices. Et comme on recense plusieurs vagues de migration, l’opération se renouvellera vers le 15 août, à la mi-septembre et peut-être encore en octobre si besoin est,  selon la météo.  Une méthode écologique, naturelle et efficace, comme le précise Julien Juban qui intervient dans de nombreuses communes, en milieux agricole, urbain et industriel.

 

Et bien sûr, nos lecteurs ne manqueront pas de se demander ce que ce service va coûter. Le prix de cette dissuasion aviaire avoisine les 8 000 euros, déplacements compris. Mais c’est bien connu, la tranquillité n’a pas de prix ! Et une petite pensée pour les stations de lavage de véhicules qui risquent de voir leur chiffre d’affaire revu sensiblement à la baisse. Plus d’étourneaux, plus besoin de nettoyer la carosserie trois fois par semaine. Allez, on prend son mal en patience, on se muni de boules Quiès et on attend que cela se passe

 

 

 

 

Photos : Viviane Monvoisin

 



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