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jeudi 28 juin 2012 à 03:40

Voici un nouvel épisode d’Alice au Pays des Gros Sous (Suite…)

Par H. Ruben



Notre ami H. Ruben, nous a adressé un texte où il fait toujours autant preuve d’humour décalé mais non dénué d’un certain bon sens ; jugez-en par vous même.

 

 

 

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Arrivés fortuitement dans un camp de Roms évacué manu militari par la Force Publique, Alice et ses trois compagnons ont été contraints de monter dans l’un des Renault Trafic qui, en plus des deux autocars aux fenêtres grillagées,  semblent emmener hommes, femmes et enfants vers un centre de rétention.
Suite des épisodes précédents à retrouver sur le site  http://www.montceau-news.com/

 

 

H. RUBEN

 

 

 

 

 

 

Les véhicules avaient atteint la route  et les passagers malgré eux purent retrouver leur équilibre et s’asseoir plus confortablement. Outre Alice, le Chat du Cheshire, le Lièvre de Mars et le Chapelier Fou, les autres personnes étaient quatre policiers, trois femmes et deux enfants.

 

Le Lièvre de Mars leva ses yeux rougis vers Alice : « Mais que nous arrive-t-il ? Qu’avons-nous fait de mal ? Où allons-nous ? »  Et il ressortit son mouchoir à carreaux rouge et blanc avec lequel il se moucha bruyamment.

 

« Il suffit », dit Alice, le regardant froidement au fond des yeux. « Nous n’avons rien fait de mal, d’accord. Mais ces personnes non plus. Alors cesse de gémir et réfléchissons. »

 

Depuis quelques instants, Alice avait l’impression qu’on la regardait avec insistance. Elle tourna la tête et vit qu’un des policiers la dévisageait l’air perplexe, hésitant à parler. Sentant qu’il avait accroché son regard, il se lança, la voix mal assurée : « Il me semble que je vous ai déjà rencontré. A Neuilly, je crois. Pour faire du chiffre, les chefs nous envoient partout où c’est facile d’embarquer les gens. »

 

Un silence pesant suivit ses paroles. Puis il reprit : « Ne plus être obligé de  faire du chiffre pour répondre à des critères qui correspondent à des objectifs définis par des attendus, des possibles et des statistiques dont dépendront la prime de service et l’avancement en grade… » Il s’interrompit à nouveau, conscient que son discours maladroit ne signifiait pas grand-chose pour les occupants du Renault Trafic mais on le sentait plus détendu, il avait enfin pu exprimer ce qui le mettait mal à l’aise.

 

Pendant ce temps-là, le Chat du Cheshire et le Chapelier Fou conversaient à voix basse. Alice, qui s’en était aperçu, chuchota : « Que faisons-nous ? » Le Chat du Cheshire sortit de son gilet un paquet de Fraises Tagada et proposa une friandise aux quatre policiers qui acceptèrent avec reconnaissance. Un individu, d’apparence étrangère, qui manifeste un geste aimable, ils l’auraient crû improbable. Le Lièvre de Mars tendit à son tour la main pour se saisir d’une Fraise Tagada mais le regard glacé du Chat du Cheshire interrompit son geste.

 

Et pof ! De nouveau, le brouillard. Le véhicule disparut et nos quatre amis se retrouvèrent dans le salon rose de la petite maison, en lisière de forêt. « Enfin chez nous ! » se réjouit le Lièvre de Mars, « Mais qu’allons-nous faire d’eux ? ». Et d’un geste las, il désigna les trois femmes Roms et les deux enfants. Alice lui conseilla de faire du thé, de sortir la boîte de biscuits et de se taire.

 

 

 

Fin de la deuxième partie.        (A suivre)

 

 

CAROLE LEVISSE   extrait de « Alice au Pays des Gros Sous

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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