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samedi 12 mai 2012 à 07:14

Voici un nouvel épisode d’Alice au Pays des Gros Sous

Par H. Ruben



Notre ami H. Ruben, nous a adressé un texte où il fait toujours autant preuve d’humour décalé mais non dénué d’un certain bon sens ; jugez-en par vous même.

 

 

 

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Alice et ses compagnons, à l’instar du Capitaine Kirk, de  Mr Spock et du Dr Leonard Mac Coy dans Star Trek, voyagent au gré du hasard, non dans l’espace mais au Pays des Gros Sous. Mais cette fois-ci, ils sont à l’avant d’un bus vide, sans chauffeur, qui les emmène vers un ailleurs inquiétant.

 

Suite des épisodes précédents à retrouver sur le site  http://www.montceau-news.com/

 

 

H. RUBEN

 

 

 

 

Le Lièvre de Mars gémit comme à son habitude : « Nous sommes perdus, Alice, nous sommes montés dans le bus-fantôme, celui dont ma grand-mère nous menaçait lorsque nous ne voulions pas aller au lit. » Il sortit un mouchoir à carreaux rouge et blanc et s’effondra dans un siège.

 

 

 

Alice se planta devant ses amis et déclara d’une voix qui se voulait forte, mais qui laissait deviner un frisson d’inquiétude : « Allons, mes amis, nous avons traversé ensemble bien des aventures. Nous ne baisserons pas les bras maintenant. » Et, crânement, elle prit place derrière l’imposant volant. Ses pieds touchant à peine les pédales, ce qui ne la gênait aucunement, elle ne savait pas conduire et de toute façon, elle n’en avait pas l’âge.

 

 

 

Le Chat du Cheshire et le Chapelier Fou semblaient étrangers à l’inquiétude. Ils étaient restés debout et d’un coup se mirent à chanter : « Alice, si t’es champion, appuie-e, appuie-e, appuie sur le champignon… »

 

 

 

C’était la formule magique, le bus accéléra, parut décoller puis après un bruit rappelant le passage du mur du son, il s’immobilisa sur ce qui ressemblait à un pré, envahi de cris, de lumières bleues clignotantes et d’une espèce de  brouillard imprégné de l’odeur âcre de feu de bois.

 

 

 

La porte du bus s’ouvrit avec fracas. Des policiers casqués, bottés firent irruption. Alice songea qu’ils étaient revenus à Neuilly-sur-Seine. Ils furent poussés au-dehors et Alice comprit. Ils étaient arrivés au-delà de la banlieue, dans un camp de Roms. Les cris ? Ceux de femmes et d’enfants. Les lumières bleues ? Les gyrophares des voitures de police. L’odeur de feu de bois ? Des caravanes, des meubles de fortune qui s’étaient probablement enflammés spontanément. La meilleure preuve qu’il fallait, pour des motifs légitimes de sécurité des biens et des personnes, évacuer ce dangereux repaire.

 

 

 

Et de nouveau, nos quatre aventuriers furent poussés dans un Renault Trafic marqué POLICE.

 

 

Malgré les uniformes et les casques qui leur donnaient vaguement l’allure de scarabées, les forces de l’ordre paraissaient mal à l’aise. Ce travail n’en était pas un. L’un d’eux questionna un civil qui se tenait à quelques pas « On fait comme d’habitude ? On emmène aussi les mineurs au Centre ? »

 

 

Le civil acquiesça, les portes du Trafic furent closes et le véhicule cahota sur le pré, projetant les occupants les uns sur les autres puis roula plus paisiblement vers sa destination sur le bitume de la départementale.

 

 

 

Fin de la première partie.        (A suivre)

 

 

CAROLE LEVISSE   extrait de « Alice au Pays des Gros Sous

 

 



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