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samedi 27 octobre 2012 à 10:09

Manifestation des viticulteurs

"Si on ne fait rien, c'est la mort de la profession !"



 

« Si on ne fait rien, c’est la mort de la profession ! »

 

 

Environ 4 % du vignoble bourguignon ont été détruits cette année par l’esca. Depuis plus de dix ans, cette maladie du bois ne cesse d’évoluer et de faire des ravages. Les viticulteurs n’ont eu de cesse d’alerter les élus et les pouvoirs publics sur cette prolifération. Las de voir la situation se dégrader et mettre en péril leur secteur, ils ont décidé ce vendredi de taper du poing sur la table et d’organiser une marche funèbre pour faire avancer les choses…

 

 

 

 

Jusqu’en 2001, les viticulteurs pouvaient utiliser l’arséniate de soude pour lutter contre les champignons de l’esca. Face à la toxicité de ce produit, les pouvoirs publics en ont interdit l’usage. Une bonne chose pour l’environnement, une très mauvaise nouvelle pour le secteur viticole. Rien, en effet, n’est venu remplacer ce produit. Aucune solution alternative n’a été trouvée. Et depuis, la maladie se développe et ronge peu à peu les pieds de vigne. En 2012, 500 hectares ont ainsi été touchés dans la région. Concrètement sur une parcelle de 50 ares, cela va jusqu’à 300 pieds morts.

« Et pour des pieds morts cette année, on ne replantera qu’en 2013 avec les premières vendanges en 2017 seulement. C’est quatre ans de perdu et des coûts supplémentaires auxquels la profession doit faire face !« , avance Robert Martin, président de l’Union viticole de Saône-et-Loire.

À cela s’ajoutent d’autres fléaux comme les intempéries ou l’avancée de la flavescence dorée, une bactérie qui se développe dans la souche et peut faire perdre la quasi-totalité des récoltes.

 

 

Faire avancer la recherche et accompagner les viticulteurs en difficulté

 

 

Trop, c’est trop ! Aujourd’hui, après avoir alerté les pouvoirs publics, les parlementaires et autres élus depuis des années, l’Union viticole 71 avait donc convié ses adhérents à faire part de leur ras-le-bol et de leur découragement dans la rue. Une marche silencieuse, funèbre même, s’est déroulée dans les rues de Mâcon. Plus de 300 professionnels avaient répondu à l’appel. Avec eux une vingtaines de tracteurs et de remorques remplies de pieds morts, et plusieurs élus (des parlementaires, des conseillers généraux, des maires, des adjoints…).

« On est là parce qu’on veut une solution à ce fléau. On n’est pas là pour tout casser, mais pour interpeller, prévient Jean-Michel Aubinel président de la Confédération des Appellation et des Vignerons de Bourgogne (CAVB). Notre outil de production est en danger et nous voulons faire pression pour que la recherche se mette en marche. »

 

Plus de moyens pour la recherche, voilà une des premières demandes de ces viticulteurs. « On nous a fait arrêter un produit toxique, mais en échange on ne nous a rien proposés. Il est urgent de trouver une solution pour éradiquer cette maladie qui tue nos vignes les plus jeunes », demande Roger Martin.

Les professionnels demandent également un accompagnement pour les exploitations impactées économiquement par les pertes de l’esca.

 

 

Premier résultat : un rendez-vous à Paris mi-novembre

 

 

Dans les rangs, on est unanime : « Si on ne fait rien et vite, c’est la mort des viticulteurs bourguignons ! ». Unanimes aussi pour dire que si rien avance, tous sont prêts à aller rue de Varenne, à Paris, au ministère de l’Agriculture. « On a assez attendu, ça fait dix ans quand même ! À une époque en plus où on nous demande de produire et consommer française, que va t-il se passer si une production non délocalisable comme celle des vins de Bourgogne est mise à mal ? »

Entendus par le sénateur-maire de Mâcon, Jean-Patrick Courtois, et le préfet de Saône-et-Loire, François Philizot, qui ont fait part de leur soutien total et de leur volonté de continuer à construire et à travailler ensemble dans le même sens, les manifestants ont également obtenu un rendez-vous avec le ministère. C’est Thomas Thévenoud, le député de la circonscription, qui l’a annoncé en fin de journée : « J’ai eu le cabinet de Stéphane Le Foll ce matin. Je vous propose de faire remonter vos demandes à Paris et d’aller ensemble, en délégation, au ministère. J’ai eu son engagement pour la semaine du 12 novembre. » Le parlementaire a également fait part de sa volonté de mettre en place un plan national d’actions contre la maladie dans les vignes dans lequel seraient pris en charge les dispositifs d’accompagnement fiscaux et sociaux.

 

À suivre donc…

 

 

Delphine CRESSON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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