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vendredi 20 septembre 2019 à 08:15

Fin des vendanges au domaine Michel Goubard et fils

Quels sont les effets du changement climatique sur les vins ?



 



 

 

Il reste encore un ou deux jours de vendanges dans ce domaine familial, le domaine Michel Goubard et fils, l’un des plus importants en taille à St Désert.

Certains montcelliens connaissent sans doute ce domaine, qui vient présenter ses vins depuis cinq ans au marché de Noël de Sanvignes.

Dès 1604, la famille Goubard travaillait plutôt en polyculture. Et c’est en 1900 qu’elle est venue s’installer à St Désert. Michel Goubard décide alors en 1963 de spécialiser cette culture à la vigne uniquement. Ce sont aujourd’hui ses fils Pierre-François et Vincent qui gèrent le domaine. Leur grand-père possédait à l’origine deux hectares en vignes. Aujourd’hui ils cultivent 40 hectares, dont 90 % destiné pour la vente en bouteilles.

 

En 50 ans, le domaine s’est développé. Et aujourd’hui les deux frères se partagent les tâches en fonction de leurs spécialités. Pierre-François, l’aîné s’occupe plutôt de la vente et de la fabrication alors que Vincent aime être dans les vignes.

 

Les évolutions du travail

 

Avec le temps, le travail dans les vignes a évolué, comme l’explique Pierre-François Goubard. Il faut beaucoup de bâtiments pour stocker les bouteilles. Il n’y avait pas de caveau de dégustation avant que son frère et lui-même en construisent un en 2011. Ils ont construit une cave, en 2000, afin de remplacer celle située sous la maison de leurs parents. Et en 2011, ils ont rapatriés la partie administrative au-dessus du caveau de dégustation.

 

Le domaine a connu aussi une évolution commerciale grâce à l’aide de professionnels et de groupements afin notamment de pouvoir vendre en grande surface commerciale.

Et cela fonctionne ! Car le secteur arrive à vivre sans aide contrairement au reste du monde agricole.

 

Si le domaine a pu s’agrandir, c’est aussi lié à la fermeture d’autres domaines du village. « Au village, il y avait trente domaines. Beaucoup se sont arrêtés sans repreneur » explique Pierre-François Goubard. Aujourd’hui il reste sept domaines viticoles à St Désert.

 

Le changement climatique impacte le métier

 

Un autre changement quant à lui impacte le métier et la production de vin : le changement climatique. Vincent Goubard explique que cette année, le rendement sera inférieur à celui de 2003, une autre année de sécheresse. En effet cette année, les pieds de vignes ont du faire face au gel du printemps, au stress au moment de la floraison et donc à la sécheresse.

 

Ces dernières années et surtout lors de forts épisodes de sécheresse, il a constaté des vendanges de plus en plus précoces, mais pas forcément des baisses de volumes. Traditionnellement, les vendanges se déroulaient fin septembre-début octobre. D’ici le 20 septembre environ, elles seront achevées dans ce domaine.

 

Selon lui, le réchauffement climatique semble toutefois favorable au niveau qualitatif. Les vins évoluent avec des degrés passant en 2017, de12,5/13 degrés à 14,5/15 degrés en 2003 et 2019.

 

Toutefois, il reconnaît des contraintes nouvelles dans le métier au niveau de la vinification qui requiert beaucoup plus de froid.

Il faut revoir tous les systèmes de climatisation qui ne sont plus adaptés. « On va s’équiper de machines pour rebaisser le moût à 4°C pour avoir le jus à 10°C. ». En effet, la macération doit débuter à froid à 10°C pendant quatre jours. Il faut donc que les vignerons maîtrisent parfaitement cette étape essentielle.

Pour les vendanges en tant que telles, les fortes chaleurs sont difficiles pour les vendangeurs et pour le raison. Une solution envisagée pour apporter un raison moins chaud est de vendanger plutôt les matins, voire la nuit.

 

Faudra-t-il changer de cépage à l’avenir ? Pour Vincent Goubard, il est trop tôt pour le dire. Le pinot noir est le cépage le plus fin du monde et surtout il correspond au cahier des charges du Bourgogne. Il ne le permet donc actuellement pas.

 

Et d’ajouter : « Nos anciens avait des plants pour faire de la qualité. Ceux-là ont bien résisté. C’est sur un temps long qu’on va voir. On doit s’adapter par rapport à un temps de réactivité, de temps de vendange. Un temps plus court et le refroidissement du raisin. »

 

Au niveau du travail de la terre, la sécheresse a limité l’installation d’herbes dans les vignes. Quand le printemps n’est pas trop humide, il est plus facile de travailler les sols. Quant au gel, c’est très aléatoire, nous explique Vincent Goubard et surtout il n’existe pas de miracle.

 

Ce qui pose problème dans le changement climatique, c’est que le printemps est tout de suite trop chaud avec un trop beau temps et suivi d’un gel qui constitue un risque important pour le raisin.

 

Dans le Chablis, ils sont équipés contre le gel car ils possèdent des installations depuis tr-s longtemps. A St Désert, c’est le brouillard qui vient protéger les vignes du soleil après le gel et qui limite les brûlures du soleil.

 

Des nouvelles cuves pour mieux refroidir le jus de raisin

 

A côté des cuves anciennes dont le circuit de refroidissement ne refroidit que le centre de la cuve, de nouveaux fûts en ciment contiennent un circuit de froid intégré dans les parois. Cela permet de refroidir plus rapidement le jus avant macération.

Vincent Goubard indique que le futur sera un échangeur refroidissant les températures à 4°C.

 

Si certaines méthodes ont évolué grâce à l’utilisation de fûts en forme de pyramide. En revanche certaines étapes se font toujours à l’ancienne, comme le pigeage. « On va dans la cuve. On n’utilise pas de robot. » nous indique Vincent Goubard.

 

Le domaine Goubard propose la majeure partie de sa production en vins rouges et 20 % en vins blancs. Si cette année, le rendement semble inférieur à l’année dernière, la qualité est quant à elle au rendez-vous.

 

EM

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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