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mercredi 15 avril 2015 à 10:04

Confédération paysanne (Agriculture)

La PAC en question



 

La PAC en question

 

 

 

Ce mardi 14 avril, la Confédération paysanne de Saône-et-Loire avait organisé une journée d’informations et d’échanges sur les conséquences de la Politique Agricole Commune (PAC) sur la viande bovine, à Saint Eugène.

 

 

Cette journée a débuté avec la visite de la ferme de Joëlle et Didier Perrodin sur la commune de Saint Eugène.
Ce couple travaille au sein d’un GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun), en tant qu’éleveurs. Leur exploitation rassemble 100 vaches allaitantes aubrac, pour un total de 300 bovins sur 200 hectares de terrain en location.

 

 

En compagnie notamment de Judith Carmona, Secrétaire nationale de la Confédération paysanne et paysanne dans les Pyrénées orientales, les participants paysans avaient pour objectif d’échanger autour des problématiques de l’élevage, des réformes de la PAC et particulièrement celle concernant l’Indemnité Compensatoire de Handicap Naturel (ICHN), qui ont fait l’objet de discussions intéressées en après-midi.

 

 

Des aides européennes pour des zones difficiles

 

 

Didier Perrodin, installé depuis 1989 à Saint Eugène, d’abord dans l’horticulture, puis uniquement en tant qu’éleveur depuis 2012, nous explique les enjeux de l’ICHN.

 

A la fin des années 1990, avec son épouse, ils ont fait le choix de la race aubrac pour leur exploitation « pour la beauté de la race, parce qu’elle est adaptée aux zones difficiles de nos champs et qu’elle a une excellente qualité maternelle ».

 

 

C’est donc en connaissance d’un terrain difficile que le couple a poursuivi son exploitation bovine.

 

Et si c’est cette exploitation a été choisie pour la visite de ce mardi, ce n’est pas par hasard ! En effet, elle est classée ICHN. Mais de quoi s’agit-il ?

 

 

Il s’agit d’une définition européenne d’une zone difficile. Cette zone est définie en fonction de différents critères, tels que l’altitude, les pentes ou le potentiel agronomique par exemple.

 

 

La zone ICHN est subdivisée en trois zones : la zone de montagne, la zone de piémont et la zone défavorisée. Chaque zone obtient une aide différente. Les exploitations les plus aidées sont celles se situant en zone de montagne. Autant dire que l’enjeu est important pour des exploitations qui sont parfois séparées d’une simple route. Ainsi en zone de montagne, une exploitation reçoit 100 € par hectare, aide qui peut être doublée à l’installation. Et en cas de construction de bâtiments, 66 % des coûts sont pris en charge sous forme d’aides.
A titre de comparaison et uniquement sur la construction des bâtiments, c’est seulement 33 % des coûts qui sont pris en charge sous forme d’aides.

 

 

Le classement des zones en question

 

 

En 2011, un classement a été effectué en zone de montagne sur la commune d’Uchon. Mais à Saint Eugène, la Tagnière et Dettey, d’après Didier Perrodin et d’autres exploitants, plusieurs fermes ont été oubliées. Ce serait entre 10 et 15 exploitations en zone difficile qui n’auraient pas été classées.

 

 

Mais qui définit ces zones ? Ces zones sont validées par l’Institut de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture (IRSTEA, ex CEMAGREF), les politiques et des organisations professionnelles.

Quel est le lien avec la réforme de la PAC ? La nouvelle PAC est actuellement mise en place pour la période 2015-2018. Et elle touche également le plan de soutien aux zones défavorisées.

 

 

 

Les exploitants présents lors de la réunion de mardi après-midi, ont exprimé leurs craintes de voir les zones défavorisées redéfinies à partir de 2018, entraînant une disparition de l’une ou de l’autre des zones précitées. Judith Carmona, pour sa part, n’a pas confirmé ces informations.

 

 

Présentation de Saint Eugène

 

 

C’est Monsieur le Maire lui-même qui a accueilli la réunion de l’après-midi, qui se déroulait à la salle des fêtes de la commune.

 

 

Saint Eugène est un village de 168 habitants, comprenant notamment 3 exploitations bio, dont un maraîchage bio (lieu test pour les jeunes souhaitant s’installer).

 

La majorité des exploitations présentes sur la commune ont leurs activités dans l’élevage bovin et quelques moutons.

 

Le Maire de la commune indique qu’on « est dans une zone difficile, granitique ». Il constate la difficulté des jeunes « qui ont du mal à s’installer. Ils s’installent dans des sociétés. Mais les exploitations sont reprises en partie par des grosses exploitations des communes voisines… ce qui génère de la circulation et dégrade nos chaussées ».

 

 

Sur le classement de la commune, le Maire indique qu’une partie du Bourg seulement est classé en zone montagne, ajoutant qu’il espère que le classement change. Un débat devrait être relancé au niveau régional.

Comme l’indique un exploitant dans la salle, depuis 1989, c’est 30 exploitations qui ont disparu pour une commune de 3000 hectares. Cela génère-t-il des inquiétudes au niveau départemental ?

 

Le Maire de St Eugène semble regretter que non.

 

 

Des éléments sur la PAC

 

 

Judith Carmona, éleveuse dans les Pyrénées Orientales, a pris ensuite la parole, pour développer plusieurs éléments de présentations et de discussions sur la PAC.

 

 

S’agissant de la Confédération paysanne, elle a d’abord rappelé que le syndicat rassemble des délégués des régions et que le travail visé par le syndicat est issu d’une réflexion collective.

 

 

La politique agricole commune, pour sa part, représente un budget de 9 milliard d’euros par an pour la France, dont 7,5 milliards d’euros d’aide directe aux paysans et 1,5 milliards d’euros d’aide spécifique aux productions.
Les dernières discussions européennes sur la PAC conduisent les politiques vers l’exigence que tout le monde touche pareil par hectare.

 

 

Dans la salle, ces mesures ont fait l’objet de discussions parfois dubitatives, souvent inquiètes sur le devenir des petites exploitations. En effet, les discussions entre les différents syndicats professionnels tendent à montrer un encouragement des grosses structures et un oubli des plus petites structures.

 

 

Or, comme l’a fait remarqué un éleveur : « les gens veulent des fruits et légumes locaux, mais encore faut-il que les politiques soient adaptées ».

 

Et un autre d’ajouter : « Garder des paysans, c’est garder des structures pour qu’on puisse y vivre. Si vous voulez continuer à vous promener à Uchon, il faut que les paysans soient là pour tailler les haies ».

 

 

La PAC n’a donc pas fini de faire débat. Prochaine étape, la Région !

 

 

Prochains rendez-vous de la Confédération paysanne : Café débat, le lundi 20 avril à Charolles, au bar l’AUT’Antique, à 14h30, « Comment s’intégrer dans son territoire pour faciliter son installation en agriculture ? ».

 

 

Émilie Mondoloni

 

 

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